APIVIA, leader d’une course-poursuite au ralenti
Les conditions météorologiques inhabituellement très faibles de l’Atlantique Sud mettent les nerfs des skippers à rude épreuve. En tête de flotte, bien que ralenti comme l’ensemble des concurrents, Charlie Dalin parvient malgré tout à accroître son avance sur son poursuivant, Thomas Ruyant, à 106 milles marins ce jeudi midi. Une « course-poursuite » au ralenti contre une bulle anticyclonique venant de l’Ouest dixit le Normand, qui a hâte de trouver la clé pour ouvrir la porte du grand Sud.
La phrase du jour : « J’espère trouver la porte du Sud ce soir »
Le train à grande vitesse qui avait accompagné les skippers de l’édition précédente à un rythme soutenu vers le Cap de Bonne-Espérance n’est pas passé en 2020… Quatre ans plus tard, les très faibles souffles d’Eole, le régisseur des vents, contraignent les skippers de cette édition du Vendée Globe à faire preuve de bien plus de patience. Les premiers mettront presque quatre jours de plus pour atteindre la longitude du Cap de l’Afrique du Sud. « J’espère trouver la porte du Sud ce soir après cette dernière poussée anticyclonique à gérer aujourd’hui. J’espère que mes années de Figariste et surtout mon expérience globale de navigateur m’aideront à m’extirper d’ici », analyse Charlie Dalin ce matin.
La pensée du jour : « Thomas Ruyant restera dans le match jusqu’au bout »
En tête de la flotte, le skipper d’APIVIA avoue pourtant alterner les moments de plaisir et d’impatience en attendant que le vent caresse de nouveau ses voiles. « La nuit dernière était magique, tout s’est orchestré comme je l’avais prévu en corrélation avec la météo, tous les changements étaient dans le bon timing mais cette nuit fut beaucoup plus dure. Rien n’a été conforme aux fichiers météo, c’était très compliqué avec ces vents changeants. Je préfère les situations où le vent est en adéquation avec les fichiers mais là (cette nuit) c’était beaucoup moins drôle », relate le navigateur. Si l’écart avec Thomas Ruyant s’est accru, c’est en partie dû à l’avarie du foil bâbord qu’a subi son IMOCA il y a un peu plus de 24 heures. « Je suis forcément peiné pour Thomas car on s’est bien bagarrés ensemble depuis le début de la course. La bonne nouvelle dans la mauvaise c’est qu’il a cassé le foil qui devrait lui servir le moins pour ce tour du Monde. Mais je n’ai aucun doute qu’il restera dans le match jusqu’au bout », avoue Charlie, qui petit à petit glisse vers les quarantièmes Sud.
Le compagnon du jour : l’albatros
« En ce moment, il fait gris, et je viens de passer la nuit la plus froide depuis le départ de la course. C’est sûr que c’est un Vendée Globe assez particulier jusque-là avec des conditions auxquelles on ne s’attendait pas vraiment. Maintenant, je me prépare à vivre un mois entier assez atypique dans les mers du Sud, c’est « le » gros dossier du Vendée ! D’ailleurs, comme un signe, j’ai vu mon premier albatros venir me saluer », s’amuse le skipper d’APIVIA ce matin. « Je m’approche doucement de la porte des glaces, les nuits passent de plus en plus vite, sans doute à cause de la fatigue mais aussi grâce au rythme que je commence à prendre. »
Le petit plus : musique, lessive et Maradona
Mener la flotte de cette mythique course est un rêve que Charlie Dalin peine à réaliser. Même si la durée exceptionnelle de ce tour du monde invite à la prudence et au pragmatisme cela n’empêche pas le marin de savourer quelques instants de détente. « J’ai réussi à écouter un peu de musique dans la descente de l’Atlantique, ce qui fut très plaisant et vraiment agréable mais à part ça, je n’ai pas eu d’autres occasions de me relâcher et de me distraire. Quand j’ai un moment, je préfère dormir pour essayer d’atténuer ma dette de sommeil qui sera de toute façon énorme à mon retour aux Sables d’Olonne », confesse le skipper d’APIVIA. « Sinon je poursuis mes vérifications journalières du bateau, je fais ma lessive, je bricole, rien de très funky ! », rigole-t-il ce matin au téléphone. Si loin des côtes et à l’abri de l’actualité mondiale, certains événements récents parviennent toutefois jusqu’au leader de la course… « J’ai quelques nouvelles venant de la terre mais j’avoue être clairement déconnecté, j’ai tout de même appris que les deux trimarans étaient partis pour tenter le record du Jules Verne et que Maradona était décédé mais franchement dès que j’ai du temps libre, je préfère écouter de la musique ou dormir. »
Aujourd’hui et ces prochains jours, les vitesses devraient augmenter et la porte du grand Sud s’ouvrir, ce qui déclenchera l’acte II de ce périple retour vers la Vendée.
Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21
- Classement : 1er (classement de 12h)
- Vitesse : 8,15 nœuds (15,09 Km/h)
- Cap : 148°
- Distance à l’arrivée : 18 834,9 milles (34 882,23 km)