Dans les valises de Charlie et Paul
Le grand départ approche pour Charlie et Paul qui prendront le départ de la Transat Jacques Vabre dans 9 jours. L’heure est aux derniers préparatifs et l’équipe technique d’APIVIA boucle les check-listes pour que nos deux skippers n’oublient rien ! Mais d’ailleurs, qu’est-ce qu’on met dans sa valise pour partir 15 jours en Transat ?
Entretiens avec Léo, chargé de logistique et Solène, responsable du gréement :
Léo, quel est ton rôle dans l’équipe ?
« Je suis chargé de la logistique en alternance. Je suis absent une semaine par mois car j’étudie en master de management à La Rochelle. Au quotidien, la partie logistique de l’équipe consiste à organiser les déplacements, les hébergements, la gestion des plannings, les inscriptions aux courses… Pour les courses, mon rôle est de m’occuper de la nourriture et du confort des skippers à bord. »
Pour la Transat Jacques Vabre, tu as mis quoi dans les valises de Charlie et Paul ?
« Alors en premier lieux, il y a toute la partie nourriture. C’est leur carburant direct. Sur deux semaines de courses, il y a un peu de frais mais surtout beaucoup de lyophilisés. Ces plats sont pensés pour être très riches en termes d’apports énergétiques et permettent de minimiser le poids car ils ne contiennent pas d’eau.
Ensuite il y a toute la partie « confort » de la vie à bord. Ce qui inclut tout l’aspect gestion du sommeil (matelas, oreiller, sac de couchage, boules Quies…), la partie hygiène (même si elle est très limitée dans un souci de gain de poids !) et enfin la partie à ne surtout pas négliger : la trousse à pharmacie. »
Quelles quantités mangent nos skippers en course ?
« Les gars ont 5 repas par jour (3 gros repas et 2 collations). Sur 15 jours de courses, cela représente 150 repas. Cette préparation demande beaucoup d’organisation et de rigueur. Passer les commandes en avance, préparer les sacs par jour des skippers, rajouter le frais au dernier moment… Charlie est fan de la viande de grison, mais globalement ils ne sont pas compliqués à nourrir. »
On se doute de l’importance de la pharmacie à bord, comment tu la composes ?
« Cette partie est assez encadrée. On a une liste transmise par la Fédération Française de Voile qui nous oblige à avoir une multitude de médicaments. Charlie et Paul ont reçu une formation médicale pour les premiers secours qui est obligatoire pour participer à la course. Leur pharmacie est digne de celle d’un urgentiste : du doliprane à la morphine en passant par le collier cervical ! Il y a aussi à bord un tensiomètre qui transmet les données relevées à la direction de course. »
Quelles sont tes contraintes principales ?
« Ma contrainte principale est le poids ! Mon défi, c’est d’allier le confort des skippers sans contraindre leur performance. Minimiser le poids mais réussir à penser à tout ce dont ils pourraient avoir besoin ! Comme je viens de commencer, j’essaye d’échanger au maximum avec eux afin de connaître leurs goûts, leurs habitudes et de retenir les petites attentions qui leurs font plaisir. »
Solène, quel est ton rôle dans l’équipe et ton parcours ?
« J’ai rejoint l’équipe APIVIA en février 2020, juste à la fin du Vendée Globe en tant que gréeuse accastilleuse. Pour mon parcours, je suis assez autodidacte. On l’est un peu tous dans notre milieu d’ailleurs. A la base, j’ai un Brevet d’état et j’enseignais la croisière. Et puis, de fil en aiguille (littéralement) je suis arrivée dans la course au large. A mon époque, il n’y avait pas encore de formation spécifique dans la préparation des bateaux. Chez APIVIA, on est vraiment tous spécialisés, chacun a son domaine d’expertise !Au quotidien, mon rôle est de connaître parfaitement le bateau afin de renforcer ce qui peut l’être et d’anticiper les potentielles casses. Je m’occupe aussi d’une partie de l’accastillage qui est propre au gréement avec Jean-Yves Gau, les hooks notamment.»
Parle nous de ton expertise, le gréement c’est quoi ?
« Le gréement c’est l’ensemble de tous les bouts à bord ; on le distingue en deux parties : le gréement dormant et le gréement courant. Le dormant, c’est tout ce qui tient le mât et le courant ce sont tous les bouts qui sont utilisés pour manœuvrer. Le Vendée Globe nous a permis d’éprouver le bateau, toute l’équipe le connaît par cœur. Après les 3 mois de course de Charlie, on a mené un examen complet du bateau pour analyser les zones de faiblesses et les renforcer. Concernant le gréement, je sais que sont les gaines qui s’usent régulièrement. Ce sont des sortes de housses que l’on met sur les bouts sur les zones de frottement. Mais sur une Transat Jacques Vabre, on devrait avoir moins d’usure…»
Et pour la Transat Jacques Vabre, tu as mis quoi dans les valises de Charlie et Paul ?
« J’ai mis tout ce qu’on appelle du « spare » (mot anglais qui signifie rechange). J’essaye d’anticiper au maximum ce qui pourrait casser et qu’il faudrait remplacer ou réparer pendant la course. Comme on doit limiter le poids au maximum, je fais en sorte de choisir des pièces qui peuvent avoir plusieurs d’utilisations. Par exemple, un jeu d’écoute qui peut servir à remplacer plusieurs éléments à différents postes. Il y a aussi des hooks complets, ainsi ils pourront changer la pièce entièrement. Je mets aussi des aiguilles et du fil. Globalement, ils seront capables de tout réparer ! »
Ils auront vraiment le temps de réparer en course ?
« Oui dans une certaine mesure ; le principe étant de réparer rapidement pour faire en sorte que cela tienne jusqu’à l’arrivée. Si il y a casse en course, on est généralement face à deux choix : soit faire un pansement pour aller jusqu’au bout de la course soit fabriquer une pièce complète pour réparer à 100%.»
Quelles sont tes contraintes principales ?
« Deux semaines de course, c’est une organisation très différente du Vendée Globe. On essaye toujours de mettre le moins de poids possible. Donc il faut trouver l’équilibre entre ce qui est vraiment utile et ce qui l’est moins. Est-ce que si cette pièce casse ce sera la peine de la réparer ou on aura déjà perdu trop de temps et on choisit de terminer la course avec ce handicap. Le spare, c’est vraiment propre à chaque équipe et c’est une stratégie à part entière ! »