Le parcours vu par Charlie
1. La première nuit
Charlie Dalin : Il est important de savoir prendre un bon départ. Premier écueil : la traversée du Golfe de Gascogne. Souvent, une dorsale (zone de calme entre deux systèmes météo) vient se coucher sur la flotte, et en général cela part par-devant. Il faut presque partir en surrégime pour être dans les premiers.
2. Le premier jour
CD : Les 24 premières heures sont cruciales pour prendre le bon rythme, se mettre en phase avec le bateau et la mer.
3. La descente de l’Atlantique
CD : C’est le moment de la connexion avec les alizés, plus ou moins à hauteur du Maroc. Il faut trouver le bon compromis dans le décalage vers l’ouest, qui promet plus de vent, mais une route plus longue. Puis il faut bien se placer au débord des îles Canaries et du Cap Vert, et dessiner une belle ligne pour tailler au plus court dans le Pot-au-Noir.
4. Le Pot-au-Noir
CD : Dans l’approche du Pot-au-Noir, tu récupères un peu, mais tu sais que tu vas connaître un nouveau pic de fatigue : les conditions sont changeantes, il faut beaucoup s’engager pour ne pas subir les grains et les phases de molle, et ces changements de vent brutaux qui ne préviennent pas. Le repos, ce sera pour la sortie du Pot-au-Noir, jusqu’à Recife (nord du Brésil). Il faut également se reposer afin d’être prêt pour le portant des mers du sud.
5. Le passage de Sainte-Hélène
CD : Si tu as de la chance, un front froid coupe en deux la zone et tu fonces vers l’Afrique du Sud, aux meilleures vitesses de tout le Vendée Globe. C’est là que se font généralement les records de distance sur 24 heures. Si l’anticyclone de Sainte-Hélène est important, tu allonges ta route vers le sud, voire vers l’ouest. Il y a un autre enjeu : parvenir à entrer dans le bon système météo (une dépression bien en place). Si tu réussis, les passages à niveau mobiles se déplacent en même temps que toi. Si tu rates un système, c’est compliqué : ce sont des murs de verre qui avancent devant toi.
6. Les mers du sud
CD : C’est une zone qui m’attire beaucoup. J’ai hâte de voir à quel point on est capable de surfer sur les fronts. Mon rêve ? Traverser l’océan Indien et pourquoi pas un bout du Pacifique, sur un seul et même bord. En théorie, on est capable d’aller à la même vitesse que les fronts des mers du sud et de rester devant eux. Le jeu, c’est d’être rattrapé par le front dépressionnaire qui te porte le plus tard possible parce que, dès que tu es rattrapé, tu dois changer de route, de voilure, et tu perds des milles à toute vitesse.
7. Le sud de l’océan Indien
CD : C’est ce que Jean-Yves Bernot appelle ‘le tunnel’. C’est un enchaînement de dépressions très fortes, venues de l’Atlantique (derrière nous) ou de dépressions tropicales anciennes qui entrent en zone australe (par bâbord), voire de la zone de convergence tropicale de Madagascar. C’est hostile. Le challenge des mers du sud, c’est de continuer à être à l’attaque en mode course, dans les zones les plus hostiles du monde.
8. Le Pacifique
CD : Quand tu fais tourner ta mappemonde, tu ne vois que de l’eau. C’est un océan immense, c’est la grande traversée. On y passe pendant l’été austral, les jours rallongent, ce n’est pas une mauvaise chose. Le gradient se desserre un peu et les conditions sont un peu plus maniables. À la sortie, tu peux quand même être surpris par les dépressions tropicales qui descendent, à l’abord du cap Horn
9. Le cap Horn
CD : Il faut négocier l’accélération de vent le long de la côte chilienne et la zone des glaces, en dessous. Juste après le cap, il peut y avoir moins de vent, et c’est l’heure des grandes manœuvres : il faut renvoyer de la toile. C’est aussi le moment de réparer ce qui aura été cassé dans le sud.
10. L’Argentine
CD : Plus haut, dans beaucoup de cas, le début de la remontée de l’Atlantique Sud offre les pires conditions, avec des dépressions jeunes qui naissent sur la côte brésilienne et qui foncent vers le sud-est. Et il faut manœuvrer.
11. Le Brésil
CD : C’est un long bord, fait de près, de beaucoup de manœuvres, avec la sensation de ne pas avancer, renforcée par le fait que le bateau ne soit plus à 100%. Après avoir traversé les plateformes pétrolières du Brésil, qui donnent l’image de villes sur l’eau, ça accélère après Recife. Puis revient le Pot-au-Noir, que l’on a plus l’habitude de traverser dans l’autre sens. Ce n’est pas forcément plus simple, il est juste moins virulent à cette période.
12. La remontée de l’Atlantique
CD : Si tu as de la chance, la route est directe jusqu’au golfe de Gascogne. Si l’anticyclone des Açores est là, tu fais le grand tour pour rester au portant.
13. Le golfe de Gascogne
CD : Il peut y avoir de grosses tempêtes hivernales, à cette période. À l’arrivée aux Sables, ce n’est pas simple : il y a des gens qui surfent à l’entrée du port, si la mer est levée…