APIVIA, premier de cordée du groupe de l’Ouest
Les nuits se suivent et ne se ressemblent pas sur la Vendée Arctique depuis le départ dimanche à 17 heures des Sables d’Olonne. Ce mercredi matin, à l’aube de la 3è journée de course, Charlie Dalin progresse à la latitude du Nord de l’Irlande. À bord d’APIVIA, il mène la marche du groupe de l’Ouest, tandis que plus à l’Est une bonne poignée de concurrents, plus proche de la route directe, tente une autre option dans l’ascension vers l’Islande rythmée par une succession de conditions très contrastées.
Front, dorsale ; bonne brise, calmes lancinants ; fortes accélérations, coups de frein … Comme promis, les systèmes météorologiques s’enchaînent dans la remontée vers les mers septentrionales. Cette succession de basses et hautes pressions oblige les solitaires à faire preuve d’une adaptabilité de tous les instants pour suivre les évolutions du vent.
Départ pied au plancher
« La course est partie sur les chapeaux de roue. J’ai rarement été aussi vite aussi longtemps avec le bateau. C’était assez impressionnant,» confiait hier à l’organisation le skipper de la fusée APIVIA qui, aux dires de Christian Dumard, consultant météorologue sur la course, « n’a pas été loin de battre le record du monde en IMOCA ».
Mais après ce début pied au plancher, les petits airs ont bel et bien pris la place et le relais hier, obligeant Charlie et ses concurrents à ronger leur frein dans la molle. Sur le plan tactique et stratégique, la course tient aussi ses promesses, puisque deux groupes distincts progressent désormais vers l’île aux volcans, à la frontière entre l’Atlantique Nord et l’Arctique. En deuxième position, à 12 milles par rapport au but du leader, le bizuth Benjamin Ferré, Charlie affiche surtout 80 milles de décalage en latéral par rapport à ce dernier

En embuscade dans les calmes
« Je suis content d’être là où je suis. Cela s’enchaîne pas mal avec beaucoup de changements de voiles et des schémas stratégiques toujours différents. Mais la remontée vers l’Islande ne sera pas si simple que ça. J’ai un front à passer, mais derrière il y aura une nouvelle zone de transition. La route n’est pas linéaire jusqu’en Islande, » confiait-il hier lors de la vacation en direct avec l’organisation de course, indiquant une température de 19° dans le cockpit d’APIVIA.
Bienvenue dans l’Upside Down !
Pour ceux qui regardent Stranger Things, Charlie compare sa dernière nuit à l’univers parallèle et surnaturel à la série Netflix…
« Une nuit assez technique encore une fois avec beaucoup de manœuvres de changements de voiles, des rafales et des prévisions qui ne correspondent pas forcément à la réalité donc il a fallu s’adapter. Un contraste vraiment saisissant avec la nuit d’avant dans la dorsale. Cette nuit c’était ambiance upside down, pour ceux qui suivent Stranger Things. C’était lugubre, très nuageux, très sombre avec une mer atroce et des vagues dans tous les sens. En plus, il faisait froid. C’était dur mais marrant de passer dans l’Upside Down. Aujourd’hui, je continue à pas mal manœuvrer, le vent est encore très changeant mais tout va bien à bord et je suis plutôt content de ma position !”
L’Islande d’ici 48 heures…
Ce mercredi matin, APIVIA progresse dans des conditions clémentes. Cap au Nord dans un flux d’Ouest-Nord-ouest d’une douzaine de nœuds. Mais déjà les températures de l’eau et de l’air, mesurées à 12° et 11°, fraîchissent nettement. Preuve s’il en est que son ascension vers les latitudes polaires suit son cours. Elle pourrait d’ailleurs prendre une autre tournure dans les prochaines heures avec l’arrivée d’un nouveau front venu du Nord-Ouest et du Groenland, dont il espère bien toucher en premier la primeur et les bénéfices, pour pouvoir passer en tête la prochaine marque de parcours dans le Sud-Est de l’Islande. Affaire à suivre d’ici les prochaines 48 heures…