À dos de dépression pour APIVIA
APIVIA et Charlie pointent ce matin à 144,5 milles de Yannick Bestaven (Maître CoQ) glissant dans un vent d’Ouest soutenu et une belle houle Pacifique de 5 mètres. De vraies conditions de mers du Sud ! Le cap Horn est à moins de 1 900 milles ce matin dans l’étrave, une « porte de sortie » qui devrait être empruntée fin de cette semaine.
APIVIA connaît, enfin, des conditions d’océan Pacifique avec un flux d’Ouest de 25 à 30 nœuds, généré par une dépression placée à 400 milles dans le Sud de la Zone d’Exclusion Antarctique. Charlie glisse sur la bordure Nord de cette dépression qui se déplace vers l’Est, et qui a replongé la tête de la flotte dans le réel, soit naviguer par 53 degrés de latitude Sud et dans une houle d’Ouest de 5 mètres. Oublié l’anticyclone de la semaine dernière, terminé l’allure au près des jours derniers, APIVIA navigue de nouveau aux allures portantes, surfe la houle, évite les déferlantes, rattrape les vagues et perfore l’élément liquide recouvrant le bateau d’hectolitres d’eau froide à 5 degrés maximum… L’humidité est de nouveau à son paroxysme entre le froid extérieur, l’eau recouvrant le pont et la condensation permanente générée par le différentiel de température intérieure / extérieure. Une température intérieure qui ne prend que quelques degrés de températures positives que lorsque Charlie fait tourner son moteur pour recharger les batteries. Les mers du Sud ont clairement repris le pouvoir et il semblerait bien que ces conditions accompagnent APIVIA jusqu’au cap Horn, distant ce matin de moins de 1 900 milles.

Après une journée d’hier exigeante, soit avec des vents moyens de 40 nœuds et des rafales à 50, Charlie avoue ce matin que « mon bâbord amures était chaud : j’ai fait quelques départs au tas et je me suis fait percuter par des déferlantes ! Il y avait beaucoup de vent et c’était assez engagé. Je ne m’étais jamais fait secouer comme cela avant, dans les autres dépressions. La mer était beaucoup plus grosse que d’habitude ». Et les fichiers météo semblent bien se confirmer pour les jours à venir : « En ce moment, on a plutôt 25/30 nœuds de vent d’Ouest et je suis actuellement dans une petite molle à 25 nœuds. En revanche, la mer est bien formée : c’est la plus grosse que j’ai connue depuis le départ. C’est une belle mer du Sud comme dans les livres… Désormais, je suis en tribord amures, direction la ZEA. Mais la mer va grossir au fur et à mesure que je vais me décaler vers le Sud. Et il me reste moins de 24 heures de tribord amures : c’est plutôt une bonne nouvelle parce que je vais pouvoir viser le cap Horn sur l’autre bord ». Des conditions qui vont permettre de se rapprocher du cap Sud-américain à bonnes vitesses et, potentiellement, de réduire l’écart sur le leader.
Le mot à retenir
Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « Quand on observe un globe terrestre et qu’on regarde du côté du Pacifique, on ne voit que du bleu ! Alors, le point Nemo, l’endroit le plus isolé de la Terre, ça me parle… C’est là qu’on se rend compte de la taille de cet océan Pacifique ! Ce n’est pas rien d’être dans ce coin-là… Mais, j’espère que la NASA n’a pas prévu de désorbiter un satellite : ce serait dommage de prendre un débris spatial sur la tête… »
Dans le sens des aiguilles d’une montre !
C’est assez étonnant, mais APIVIA et Charlie n’ont eu, depuis le début de ce Vendée Globe option Mers du Sud, que très peu l’opportunité de glisser, tel que tout « Vendée Globiste » en rêve, devant une dépression l’accompagnant dans son déplacement vers l’Est et propulsant de fait l’IMOCA au portant, porté et poussé par la houle. Des conditions rudes, humides et potentiellement (très) stressantes où il faut adapter la voilure au temps, charger l’arrière du bateau pour en soulager l’étrave, éviter tout arrêt buffet, gérer les survitesses dans les surfs, supporter les vibrations de la quille, vivre avec les sifflements dans le gréement, encaisser les chocs permanents de la coque carbone sans oublier, potentiellement, le hurlement des alarmes à certains moments critiques… Il y a plus confort, certes, mais ces allures portantes portées par la dépression et la houle d’Ouest permettent d’avaler les milles dans la bonne direction. Tout est question de gestion de puissance, vous l’aurez compris…

Vous aurez donc aussi noté que le sens de rotation des vents de ces fameuses dépressions tourne, pour ce qui est de l’hémisphère Sud dans le sens des aiguilles d’une montre, contrairement à l’hémisphère Nord, où elles tournent dans le sens inverse. Si tout cela est dû à la « force » de Coriolis, il faut savoir que l’intensité et la direction de la « force » de Coriolis dépendent également de la position de l’objet en mouvement par rapport à l’équateur. Ainsi, si à la latitude 0, la rotation de la Terre est quasi-nulle, plus on s’approche des pôles, plus la trajectoire est modifiée, car la « force » de Coriolis est plus importante. Quoi qu’il en soit, APIVIA est actuellement face à ces fameuses dépressions qui tournent de droite à gauche, tournant elles-mêmes autour du pôle Sud… Vous aurez donc deviné l’incroyable terrain de jeu dont bénéficient ces dépressions entre les océans Indien, Pacifique et Atlantique Sud et où la mer s’autoalimente en permanence par ces trains dépressionnaires qui ne s’arrêtent quasi-jamais… Un bien impressionnant manège !
Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :
- Date et heure de la news : mardi 29 décembre – 9h00
- Classement : 2e
- Distance au 1er : 144,48 milles (267,58 km)
- Vitesse : 12,41 nœuds (22,98 km/h)
- Cap : 130°
- Distance à l’arrivée : 8 915,2 milles (16 510,95 km)