Actions, réactions… pour APIVIA
Autant le dire : Charlie navigue bien, très bien. APIVIA creuse l’écart sur LinkedOut de Thomas Ruyant ce matin, et porte son avance à 71,8 milles (133 km) au classement de 9 heures. Vitesse et précision sont les maître-mots. Et à ce jeu, Charlie fait les bons choix malgré les conditions météorologiques complexes du moment. Et le Graal à atteindre, soit le grand bal des dépressions des mers du Sud, n’est plus très loin. Le compte à rebours est lancé : Charlie et APIVIA devraient demain bientôt basculer dans un autre Vendée Globe.
8,3 nœuds au classement de 18 heures hier, 16,8 nœuds à 22 heures, 10,4 nœuds à 5 heures ce matin, pour enfin 9,6 nœuds à celui de 9 heures… Nul doute, les vitesses jouent le yo-yo. Charlie et APIVIA se battent comme des diables dans un vrai marécage météorologique. Et la dernière vacation de Charlie est des plus explicites : « Je tente de négocier la zone de vents faibles qui fond sur moi. C’est compliqué de ne pas se faire prendre dedans. Je suis constamment sur le pied de guerre pour grappiller chaque mètre qui pourra me faire sortir de là. Les fichiers (prévisions météo) sont moins précis que dans l’hémisphère Nord. Il y en a pléthore et les modèles ne sont pas bien réglés dans la zone que nous traversons. J’essaye de faire au mieux avec ce que j’ai, c’est un vrai casse-tête, mais c’est le jeu !… La situation météo m’a fait passer beaucoup de temps devant l’ordinateur, plus qu’une personne à terre je pense (rires) ».

Et il suffit de regarder les trajectoires sur la cartographie pour se rendre compte de la complexité du problème et ce, depuis le dernier empannage, avec des petits coups de barre ponctuels pour profiter du moindre changement d’angle de vent et des réglages de voiles à la volée pour profiter du moindre souffle d’air supplémentaire. Il faut être opportuniste et Charlie l’est ! Nul doute que les cinq podiums sur la Solitaire du Figaro viennent saluer cette incroyable volonté d’avancer, de toujours avancer. « Je fais des routages (prévisions de route en fonction des prévisions de vent), je regarde les bascules de vent et il y a aussi le feeling par rapport au vent dans le front. Je ne suis pas catégorique, je tente de prendre en compte tous les paramètres pour caler au mieux mes trajectoires ». Observations, réactions… pour Charlie qui prendrait presque même, à l’écouter, un certain plaisir face à cette solide feuille de match : « Je suis content, on se tire bien la bourre avec Thomas (Ruyant) et les jours à venir vont être forts en manœuvres, en changement de voiles et en réflexions stratégiques face à la situation qui change très vite. Pour l’instant, je m’adapte ».
Aussi, la vie à bord s’organise entre stratégie devant l’ordinateur tôt le matin et en fin de journée, réglages des voiles non-stop, corrections permanentes de trajectoires, siestes réparatrices et aussi, check global du bateau avant l’entrée dans le grand bal des mers du Sud. Pour l’heure, Charlie et APIVIA glissent à 200 milles (370 km) dans l’Ouest de l’archipel britannique isolé de Tristan da Cunha et à 370 milles (685 km) dans le Nord-Ouest de l’île de Gough. Des terres des plus symboliques, puisque la latitude de cette dernière célèbrera l’entrée officielle d’APIVIA sous la zone mythique des 40° degrés Sud.
Le mot à retenir
Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « J’imaginais plus l’Atlantique Sud comme la zone la plus rapide du tour du monde, et bien c’est raté ! Je pense que c’est un des plus gros dilemmes auquel j’ai dû faire face depuis que je navigue ».
A 193 milles (357 km) ce matin des mythiques 40e Rugissants !
« Cette situation avec des dépressions qui descendent du Brésil est assez fréquente explique Christian Dumard de Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe. Il y en avait eu une également lors du dernier Vendée Globe pour Armel Le Cléac’h et les sept premiers. Mais, en général, elles sont plus actives que celle-là, qui ne les amènera pas jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Ce front, à chaque fois qu’il se met en place, sépare l’anticyclone en deux. Il se reconstituera, mais plus tard… Le vent est donc hyper instable. Charlie a très bien navigué le long de ce front et il n’a pas perdu de temps, même dans les transitions. Il faut savoir que les modèles, le long du front, ne sont pas très fiables et ne sont pas conformes exactement avec la réalité. Du coup, Charlie s’adapte bien aux situations qu’il rencontre. Mais la situation va évoluer et on commence à voir des options se dessiner ».
En effet, nul besoin d’être devin pour constater le déplacement vers l’Est de la cellule anticyclonique placée dans le Sud-Ouest, ce qui va amener les différents protagonistes de la flotte à passer sur son flanc Nord, soit au près pour les leaders, ou sur son flanc Sud soit au portant pour les autres. Repère géographique de ce matin important : APIVIA pointe à 193 milles des célèbres 40 degrés Sud, plus communément appelés 40e Rugissants. Ambiance et total changement de décor à venir… APIVIA fêtera au plus tard, demain, sa grande entrée dans le bal des dépressions du Grand Sud. Un autre Vendée Globe alors débutera…
Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21
- Date et heure de la news : mercredi 25 novembre – 9h00
- Classement : 1er
- Avance sur le 2e : 71,8 milles (133 km)
- Vitesse : 11,7 nœuds (21,7 km/h)
- Cap : 190°
- Distance à l’arrivée : 19 006,1 milles (35 199,3 km)