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APIVIA aux portes de l’Océan Indien

APIVIA aux portes de l’Océan Indien
LUNDI 30 NOVEMBRE 2020

APIVIA aux portes de l’Océan Indien

Le navigateur Charlie Dalin, toujours leader du Vendée Globe, s’apprête à franchir la longitude du Cap de Bonne-Espérance ce lundi avec une avance de 238 milles marins sur son plus proche poursuivant, Thomas Ruyant. En basculant en tête dans l’Océan Indien, le navigateur d’APIVIA devrait marquer de la plus belle des façons le passage de ce cap mythique. Le grand Sud, les quarantièmes rugissants, les cinquantièmes hurlants, c’est maintenant !

La phrase du jour : « Je vais bien me faire secouer pendant 24 heures »

Enfin l’Indien ! Les caprices d’Eole et la position de l’anticyclone de Sainte-Hélène ayant fortement ralenti la progression des skippers, ce n’est que ce lundi et après 22 jours de mer que le premier IMOCA du Vendée Globe va basculer dans l’Océan Indien après avoir franchi symboliquement la longitude du Cap de Bonne-Espérance situé en Afrique du Sud. Ce passage mythique s’accompagne d’une forte augmentation de la force du vent combiné à une chute des températures qui rend la navigation hauturière bien moins agréable. « Pour le moment, je n’ai pas encore eu vraiment froid, au minimum le thermomètre est descendu à 12° degrés et en ce moment même, j’ai la même température qu’à l’intérieur d’un appartement soit une vingtaine de degrés grâce aussi à mon positionnement assez Nord », explique Charlie. « Je peux fermer plusieurs cloisons dans mon bateau ce qui a pour effet d’accélérer le réchauffement de ma cellule de vie quand je fais une charge moteur. La bâche qui sépare le cockpit du pont est fermée car ça mouille beaucoup à l’extérieur », rajoute-t-il, fier de constater que son innovation améliore grandement le confort et indirectement la performance. « La conception de ce cockpit fermé a été pensée spécialement pour naviguer dans les mers du Sud, plus froides et hostiles. Être protégé des embruns et du vent aide grandement à la performance car je peux régler mes voiles en sous-couches de manière beaucoup plus fréquente et beaucoup plus rapidement que si j’avais à enfiler mon ciré à chaque fois. On a même décidé de placer les winchs le plus près possible des ouvertures afin que je puisse choquer une voile en urgence depuis l’intérieur », détaille le navigateur normand, toujours leader de la course et très en forme ce lundi. « Pour l’instant je n’ai même pas sorti le bonnet une seule fois », nous précise-t-il au téléphone ce matin. En plus d’optimiser son confort et donc sa performance, Charlie se félicite d’avoir réussi à bien accumuler les heures de sommeil bénéfique. « Grâce à notre travail d’équipe et à l’apport de l’expertise du docteur François Duforez en avant saison sur la gestion de mon sommeil, j’ai aussi optimisé mes siestes et je le ressens vraiment en ce moment », analyse-t-il avec un peu de recul.
Bien que tous les voyants semblent être au vert sur APIVIA, les conditions météorologiques qui se dégradent invitent Charlie à la prudence. « La nuit dernière fut compliquée, la mer était croisée et pénible, ça m’empêchait d’accélérer. Par contre, depuis ce matin, je me trouve dans une petite veine de courant bien sympathique qui m’aide à avancer. Cet après-midi je devrais me prendre une belle tempête, je vais bien me faire secouer pendant 24 heures avec plus de quarante nœuds de vent et des vagues de six mètres ! Je comprends pourquoi ce Cap est appelé « cap des tempêtes » par les anciens parce que c’est exactement ce qui m’attend. Beaucoup de marins m’ont dit que c’était la zone la plus difficile du Vendée Globe et vu les deux belles prunes qui m’attendent, ça a l’air conforme à leurs prédictions », analyse le skipper d’APIVIA. « Ces prochains jours, il va falloir être plus marin que régatier, c’est à dire qu’il faudra s’économiser et ne pas abimer le bateau dans les fronts ».

L’astuce technique du jour : le matossage des voiles

L’entrée et la descente dans les latitudes australes, appelées quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants, sont le théâtre de trains de dépressions balayant les mers de fortes rafales. Pour les marins du Vendée Globe, l’entrée dans ces mers nécessite un réajustement de la gestion de l’assiette du bateau que l’on peut optimiser en déplaçant le poids des voiles non utilisées et des sacs les plus lourds contenus à l’intérieur du cockpit. « L’idée principale du matossage (optimisation du poids) est de placer plus de poids sur l’arrière du bateau pour faire lever le nez à l’avant et ainsi empêcher qu’il ne tape trop souvent dans les vagues. Ça me prend presque une heure d’effectuer ces ajustements pour les amener de la soute avant jusqu’à l’arrière du bateau mais maintenant qu’elles sont là, elles vont y rester pendant toute la durée de la navigation dans les mers du Sud. Je les ai centrées ce qui me permet de ne pas avoir à y retoucher pendant les manœuvres quand je change de bord », précise Charlie qui a organisé son « tas de voiles » de manière à accéder à celles qui peuvent être le plus probablement réutilisées au-dessus à celles qui le seront le moins en théorie.

L’humeur du jour : le bonheur du solitaire

Déjà un record ? Oui ! Charlie Dalin a battu son nombre de jours passés en solitaire et en course sur un bateau qui était de 20 jours, 6 heures et 36 minutes. « J’espérais bien battre ce record et je m’attendais à le dépasser, c’est ce qui me plait dans la course au large : le solo », avoue-t-il, précisant que la solitude n’est pas un gros mot qu’il redoute. « Je n’y pense pas, j’aime la course au large et être seul sur mon IMOCA. Je vous avoue ne pas m’être préparé psychologiquement à dépasser cette barre des 20 jours seul en mer. Le Vendée, c’est le graal du solitaire, et je ne pourrais vous répondre plus objectivement qu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne sur ma gestion de ces mois en mer ».

Le truc en plus : « J’ai arrêté de router les autres concurrents »

« Depuis le départ de la course, il m’est arrivé de contrôler mes adversaires et de surveiller leurs avancées en fonction du système météo qu’ils avaient… Je faisais même des routages à partir de leur position ! Mais là, c’est fini, j’ai arrêté, je me concentre à temps plein sur mon avancé dans le grand Sud, j’aurais bien assez à faire », s’amuse Charlie, bien décidé à mener son APIVIA à bon port auréolé d’une victoire.
Avec deux tempêtes au programme, des creux de six mètres et des rafales à quarante nœuds, Charlie Dalin va vite plonger dans la réalité du grand Sud mais avec la confiance d’une position de leader solidement acquise et toujours bien maitrisée. Souhaitons-lui de de garder sa position de leader jusqu’au passage du prochain cap, le Leeuwin, au large de l’Australie.

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :

  • Classement : 1er (classement de 15h)
  • Vitesse : 18,54 nœuds (34,34 Km/h)
  • Cap : 137°
  • Distance à l’arrivée : 17 695,5 milles (32 772,07 Km)