APIVIA file sereinement vers le cap Horn

LUNDI 28 décembre

APIVIA file sereinement vers le cap Horn

Cette neuvième édition du Vendée Globe, digne d’un scénario hollywoodien, réserve sans doute encore de belles surprises tant la densité de navigateurs solitaires est importante à moins d’une semaine de course du dernier cap mythique à passer, le redoutable « Horn ». Pour Charlie Dalin, bien acclimaté au rythme de l’épreuve et au froid, la perspective de franchir ce dernier point de parcours en une « étape de La Solitaire » décuple son enthousiasme. Très bien positionné dans le sillage du leader, Yannick Bestaven, à 98 milles marins, le Havrais s’attend à une rude journée de brise dans le Sud austral. Pour gagner, rien ne sert de courir, il faut partir à point disait Jean de La Fontaine…

Le point géo et météo : « Une prune avec des rafales à 50 nœuds »

« Mon positionnement ? Il est ce qu’il est, je fais au mieux par rapport à ma route qui découle de la sortie de l’anticyclone mais je me prépare à une dure journée de navigation aujourd’hui – ce lundi 28 décembre – avec 40 nœuds de vent moyen et des rafales à 50 ». Calmement et sereinement, voilà comment Charlie s’apprête à essuyer cette dépression du jour qui va lui permettre d’accélérer désormais vers la sortie du Pacifique. « Jusqu’au cap Horn, ce sera bien venté. On va retrouver des conditions dignes du Sud et il va falloir que je retrouve mes réflexes après l’interlude anticyclonique qui nous a ralenti depuis la Nouvelle-Zélande ». Fini le près et les vagues de face, le navigateur de 36 ans se prépare à de nouveau pouvoir faire surfer son IMOCA dans les vagues au portant jusqu’au mythique cap. « J’ai hâte parce qu’on va pouvoir tracer une route directe sans manœuvre si les fichiers météos se confirment », se délecte ce matin notre marin, sans manquer de noter au passage une perspective pour lui réjouissante : « on est bientôt sur la longueur d’une étape de Figaro, et j’aime bien avoir cette référence ! »

Le constat du jour : la bonne forme du marin

« Je suis en forme ! », certifie Charlie Dalin après 50 jours de mer passés en solitaire… « Forcément, il y a une profonde fatigue qui s’est installé tranquillement mais je reste serein. Je respecte à la lettre les conseils et les recommandations des professionnels pour gérer au mieux le rythme de la course. Je fais attention à bien dormir et bien manger. J’ai aussi l’impression de m’être bien habitué au froid… mais je serai quand même content de retrouver des températures un peu plus chaudes après le cap Horn. »

La difficulté : gérer le froid

Le froid austral qui engourdit les muscles et brûlent les calories contraint aussi Charlie et tous les skippers à adapter leurs tenues de navigateur, que ce soit pour de la veille ou des efforts courts et intenses d’optimisation des réglages du bateau. « Pendant les manœuvres, je n’ai jamais froid parce que je m’active, le souci est plus quand on ne bouge pas. Trouver l’aisance et le confort pendant l’effort vient assez vite, il faut juste enlever suffisamment de couches pour éviter de transpirer et d’avoir froid après… Il y a aussi une réelle différence entre le jour et la nuit donc quand je dors, je fais notamment attention à bien me couvrir ! »

Son truc en plus : « La chapka grand-froid »

« Celle-là, elle reste à l’intérieur du bateau ! », prévient Charlie au moment de nous divulguer sa botte secrète anti-froid : sa chapka. « J’y tiens beaucoup, je dors avec et je n’ai pas envie de la mouiller, c’est une édition spéciale « grand-froid » qui tient ma tête au chaud jusqu’à -46° C ! Bon, pour le moment je n’ai pas eu ces températures-là, au minimum mon thermomètre a indiqué 5 degrés à l’intérieur du cockpit mais ce petit accessoire m’est d’une grande utilité ». Dans un peu plus de 5 jours selon ses routages, Charlie passera le cap Horn et basculera dans l’Atlantique où la hausse des températures devrait par la suite laisser sa chapka orpheline jusqu’à la fin de sa course.