APIVIA, leader et… éclaireurs !
Si APIVIA est bien le leader de ce 9e Vendée Globe depuis 24 heures, APIVIA en est aussi le défricheur. Confuse est cette météo du moment et complexes sont les prochains jours… Charlie, tel un éclaireur, a progressé à coup d’empannages (ndlr, changement de bord au vent arrière) millimétrés dans un mince couloir de vent. Il compte ce matin 36,9 milles (68 km) d’avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut), soit 18,9 milles (37 km) de plus par rapport au pointage d’hier même heure.
Charlie est un horloger de haute-précision, un chef d’orchestre de haute-volée. APIVIA s’est faufilé depuis quelques jours dans un mince couloir de vent coincé entre une cellule anticyclonique dans le Nord-Est et un axe dépressionnaire au Sud, qui s’étendait de la côte brésilienne vers le milieu de l’Atlantique. Le but : glisser sur le flanc Sud de cette cellule anticyclonique (ndlr, dans l’hémisphère Sud, les vents d’un anticyclone tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) pour bénéficier de vents portants et progresser vers le Sud / Sud-Est, coûte que coûte. Un vrai chemin cabossé après les longues glissades vécues depuis l’équateur.
Le menu était tout autre puisqu’il fallait imaginer que ce corridor d’accès en direction des vents portants des mers du Sud ne faisait que 200 milles (370 km) de large… soit rien, à l’échelle de l’Atlantique. Autant dire, qu’il fallait faire passer APIVIA dans le chas d’une aiguille, si Charlie souhaitait continuer de tricoter dans le bon sens. « On va travailler dans ce trou de souris, cette toute petite zone de vent, avec l’objectif de rester dedans rappelait Charlie. Il faut éviter les bas-côtés. Je vais m’efforcer de rester là et pour cela, je vais beaucoup surveiller la météo qui n’est pas très bien modélisée ». Compliquée, biscornue, tordue même cette météo…

Antoine Carraz, directeur technique d’APIVIA confirme : « Ce n’est pas simple en ce moment. Comme il n’est pas possible de faire le grand tour de l’anticyclone de Sainte-Hélène, il faut couper au milieu dans des vents changeants. Bien rester dans cette zone de vent, sans trop allonger la route et sans sortir de cette bande… C’est tout petit et de chaque côté c’est compliqué avec, au Sud des vents contraires, et au Nord pas de vent du tout. Je pense que Charlie travaille beaucoup sur la météo et observe énormément. Dès qu’il sent que le vent mollit, il empanne vers le Sud pour trouver plus de pression (ndlr, vent). Actuellement, c’est plus de la « fatigue » pour choisir la bonne route et bien se placer, que de la fatigue physique proprement dite ». Et comme si cela n’était pas assez compliqué, voilà ce matin qu’APIVIA vient de quitter ce système météo, aujourd’hui évaporé et disloqué… Terminé pour le moment la valse des empannages, Charlie progresse actuellement à faible vitesse dans une zone de non-droit météorologique avec des vents fluctuants tant en vitesse qu’en direction. L’objectif : gagner dans le Sud coûte que coûte, sortir de cette nasse météorologique et attraper les systèmes dépressionnaires et ses vents portants situés ce matin à 1 000 milles (1 852 km) devant l’étrave.
Le mot à retenir
Antoine Carraz (Directeur Technique d’APIVIA) : « Quand Charlie a commencé à empanner, cela faisait neuf jours qu’il était sur le même bord. Là, il a dû empanner plus de cinq fois en 24 heures. En fait, APIVIA a beaucoup plus empanné en 24h que depuis le départ de la course ! ».
Dans le jeu…
Dire que APIVIA est dans le jeu est une évidence lorsque l’on pointe en tête du Vendée Globe… Il n’empêche que vu de terre, il est intéressant d’avoir le point de vue d’Antoine et du Team APIVIA sur le sujet, après 16 jours de mer : « Depuis le début de ce Vendée Globe, nous sommes assez satisfaits des performances du bateau. APIVIA montre qu’il est largement à la hauteur de la concurrence. Et si nous nous étions confrontés à certains, il faut rappeler que c’était un peu l’inconnu avant le départ pour d’autres. Nous ne connaissions pas Hugo Boss et LinkedOut a changé de foils avant le départ… On ne savait pas trop ce que cela allait donner. Nous, nous avions fait le choix assez sage de garder nos foils de première génération, que l’on connaissait bien. Et on voit aujourd’hui, qu’en terme de vitesse, APIVIA est à la hauteur et même qu’il va plus vite à certaines allures. D’autant que ce début de Vendée Globe nous a offert de nombreuses conditions de vent et d’allures très différentes. C’est rassurant sur cette descente Atlantique, tout en sachant que l’on avait bien travaillé sur cette partie du parcours. Maintenant, on va voir ce que cela donne dans les mers du Sud, même s’il est statistiquement très rassurant d’être là où nous sommes à l’approche du Cap de Bonne-Espérance… ».
Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21
- Date et heure de la news : mardi 24 novembre – 9h00
- Classement : 1er
- Avance sur le 2e : 36,9 milles (68 km)
- Vitesse : 5,9 nœuds (10,9 km/h)
- Cap : 120°
- Distance à l’arrivée : 19 215 milles (35 586,2 km)