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APIVIA, les déclarations des vainqueurs
de la Transat Jacques Vabre

APIVIA, les déclarations des vainqueurs  de la Transat Jacques Vabre
TRANSAT JACQUES VABRE NORMANDIE LE HAVRE

APIVIA, les déclarations des vainqueurs
de la Transat Jacques Vabre

« Je ne pouvais pas faire mieux ». Victorieux dès sa première course en Imoca, sur un bateau neuf, Charlie Dalin a ajouté une ligne majeure à son palmarès. Pour son co-skipper, Yann Eliès, cette troisième victoire sur la Transat Jacques Vabre s’est décrochée grâce à un scénario étonnant.

Quel est votre ressenti ?
Charlie Dalin : « C’est la plus belle de mes victoires : c’est la course avec laquelle j’ai grandi au Havre. On est ému, heureux, on ne se rend pas totalement compte de ce qu’on a fait, je pense. Il y a plein de choses. De la joie, la concrétisation d’un rêve d’enfant, mais c’en était déjà un de naviguer avec Yann en 2015. C’en était un autre de devenir skipper Imoca. Je ne pouvais pas faire mieux que remporter ma première course en tant que skipper Imoca, première étape d’un programme de quatre ans avec APIVIA. Il y a 20 ans, j’allais sur les pontons du Havre à la sortie du collège pour aller voir les bateaux en partance. Alors, la remporter avec Yann… »

Yann Eliès : « J’ai navigué avec Paul Vatine sur de petits bateaux, j’ai une pensée pour lui. Mireille, sa femme, était là au départ. Quelque part, je suis la jonction entre deux grands marins havrais, et j’en suis très heureux. »

Que représente cette victoire pour chacun de vous ?

Charlie Dalin : « On a une super équipe, montée par Antoine Carraz, le directeur technique depuis le début. Et c’est grâce à leur engagement, leur implication qu’on a gagné. Le sprint a débuté le 5 août, et le bateau était fonctionnel une semaine après sa mise à l’eau. On doit beaucoup à MerConcept, qui a créé des compétences transverses entre le trimaran MACIF et le monocoque APIVIA. C’est une performance de mettre au point si vite des bateaux si complexes. »

Yann Eliès : « C’est un grand plaisir de la gagner avec Charlie. Déjà, en 2015, en faisant 3e, on avait signé une belle course. C’est ma troisième victoire, etc’est un chiffre que j’aime bien puisque j’ai gagné trois Solitaires du Figaro. C’est surtout le travail réalisé en trois mois par l’équipe technique qui est impressionnant. »

Le premier défi fut de choisir entre l’ouest et l’est…
Yann Eliès : « Ce fut une transat très spéciale : c’était plein ouest ou plein est, sans solution de compromis. On s’est bien pris le chou, la route ouest était bien aguicheuse… Quand tu prends des décisions qui vont à l’encontre des logiciels de routage, tu as intérêt à avoir de bons arguments… »

Charlie Dalin : « On a joué au centre le plus longtemps possible, pour ne nous interdire aucun choix jusqu’au tout dernier moment. Quand, après quelques jours, on a vu Charal revenir dans notre route, et qu’on a passé l’anticyclone, on s’est dit que c’était plié pour ceux de l’ouest, et que c’était bon pour nous. Ce n’était pas mal, de passer dans le sud : il y avait beaucoup de bateaux, différents, qui nous ont servi de lièvres et nous ont permis de progresser en vitesse. »

Comment avez-vous vécu ce moment où, entre l’avant et l’après Pot- au-Noir, vous avez gommé 120 milles de retard et pris 140 milles d’avance ?
Yann Eliès : « Eh bien, c’était un gros « coup de pot » ! »

Charlie Dalin : « L’image que j’ai de notre Pot-au-Noir, c’est qu’à chaque fois qu’un nuage approchait de nous, il passait dans le tableau arrière, et la porte se refermait derrière nous. En se décalant vers le sud, on a fait la course avec les nuages pour essayer de passer juste devant. C’était assez incroyable. Dans le Pot-au-Noir, Yann arrivait à trouver, le nez au vent, la meilleure trajectoire pour échapper au grain tandis que je téléchargeais les fichiers satellites colorés pour voir le développement des nuages. Il y avait du court terme et du long terme, c’était une belle complémentarité. »

Yann Eliès : « On a pensé à Jérémie Beyou et Christopher (embourbés dans le Pot-au-Noir, plus dans l’ouest, ndlr). Sur le début de course, ils étaient les maîtres incontestables. Ils auront sans doute une vision différente, mais je pense qu’on a eu un peu de chance et que leur positionnement n’était pas forcément le bon. Mais c’est toujours bien plus facile de parler quand tu arrives. Franchement, on a eu mal pour eux. »

Charlie Dalin : « Les vents étaient particuliers, et ce n’est jamais facile de faire le bon choix, d’autant qu’on a eu le nez dans le guidon dans le portant qui a précédé. Ce n’était pas simple d’anticiper la suite. En entrant dans le Pot-au-Noir, je me suis dit qu’on allait peut-être reprendre un peu de notre retard, puis qu’on allait peut-être repartir en même temps qu’eux, mais de combien ? »

Yann Eliès : « On allait gagner 50 milles ? 100 ? 250 ??? On ne sait plus vraiment de combien ça a basculé. Et on a du mal à l’exprimer, mais c’était vraiment bon ! (Il rit) ? »

Comment pensez-vous avoir maîtrisé l’Imoca APIVIA ?
Yann Eliès : « On ne va pas se mentir, on a parfois eu des difficultés à le faire avancer, à certaines allures. On n’a pas eu toutes les réponses, mais on a cherché, en touchant de tout petits détails. On ne connaît pas les limites du potentiel de ces bateaux. »

Charlie Dalin : « Les conditions n’étaient pas les conditions idéales pour ce bateau. Le départ s’est fait au près, puis on a eu très peu de vent de travers, seulement à la sortie du Pot-au-Noir. Ce n’est pas frustrant : il faut être prêt pour toutes les conditions parce qu’il y a de tout sur un Vendée Globe. »

Yann Eliès : « Et puis on a respecté finalement la requête initiale, puisque notre premier objectif était d’additionner des milles et d’arriver de l’autre côté ! »

Comment était la vie à bord d’APIVIA, notamment avec la casquette fermée ?
Charlie Dalin : « Dès qu’il y a du vent, on n’a pas le choix : mieux vaut rester sous la casquette. Dès que ça baissait, on essayait de regarder le ciel, les oiseaux et la mer, mais il faisait vraiment chaud ! Je me demande encore comment j’ai fait mon sac. Au Cap Finisterre, on était déjà en short, et j’avais pris de quoi gravir l’Everest ! »