APIVIA mène le bal vers l’équateur
Imperturbable ! Pointé à plus de 400 milles du leader il y a une semaine, Charlie Dalin a repris la tête de la course grâce à une météo favorable et une stratégie rondement bien menée au passage du front froid semi-permanent de Cabo Frio. En première position avec un maigre matelas de 20 milles marins devant Louis Burton, son nouvel adversaire et dauphin, le skipper d’APIVIA savoure l’arrivée des alizés censés conduire la flotte jusqu’aux Açores. La route vers les Sables d’Olonne est encore bien longue et piégeuse avec un Pot au Noir « costaud » pour le groupe des neuf IMOCA regroupés en moins de 200 milles, une première sur un Vendée Globe à deux semaines de l’arrivée.
L’instantané : L’arrivée des alizés
Enfin les alizés ! Après plusieurs jours de vent faible que le front froid semi-permanent de Cabo Frio générait, l’arrivée des vents alizés par l’Est apparait comme une bénédiction pour Charlie qui fut l’un des premiers à les toucher hier. Même si ces vents s’avèrent instables, le skipper d’APIVIA se délecte de mener de nouveau la flotte. « Cette nuit, j’ai eu jusqu’à 50 degrés de bascule et la force du vent variait beaucoup en intensité, il fallait être aux aguets tout le temps, régler le bateau, ajuster sa trajectoire pour s’adapter », développe Charlie ce matin, précisant que « de nombreux grains tombaient depuis le levé du jour », une situation tout à fait normale à cet endroit du parcours.
Le point route du jour : « L’équateur dans deux jours »
Ce samedi devrait marquer le retour des premiers IMOCA dans l’hémisphère Nord avec le passage de l’équateur, ce que confirme Charlie ce matin. « La journée du 16 janvier sera celle du passage de l’équateur, je n’arrive pas encore à déterminer avec précision quand mais ce sera ce jour-là ». Juste après ce passage clé de la course se dresse un obstacle de taille, redouté des skippers : Le Pot au Noir…. « Cette fois il a l’air costaud, bien plus qu’à l’aller, ce qui n’est pas commun à cette période de l’année mais je continue de suivre son évolution », anticipe le Havrais, féru de stratégie météo.

Avec ces vents d’Est, les bateaux du groupe se trouvent en tribord et vont peut-être devoir maintenir cette amure un très long moment, certains spécialistes avancent même un ratio de 90 % à effectuer sur ce bord jusqu’aux Sables-d’Olonne. « C’est sûr qu’on va être tribord un long moment et ça a déjà commencé mais je ne suis pas certain qu’on n’ait pas des virements de bord dans le Pot au Noir parce qu’il a l’air plutôt chargé en ce moment. Il y aura beaucoup de changement de voiles à effectuer, des prises de ris, des renvois de ris donc ça va forcément jouer. Ce qui est sûr c’est qu’on aura encore beaucoup de tribord dans les vents alizés de l’hémisphère Nord. Les routages du Pot au Noir nous le font toujours passer bien plus vite que la réalité donc il faut rester méfiant sur les timings », prévient Charlie.
Le point technique du jour : Le foil bâbord
Un si long bord de tribord amure implique forcément un appui sur le foil du côté opposé, le bâbord et par conséquent, un appui sur la cale basse de ce dernier que Charlie avait dû réparer au large de l’Australie. « Je ne peux pas déployer mon foil complètement mais je peux m’appuyer dessus à partir d’un certain angle de gîte donc j’ai un petit peu d’appui mais rien à voir avec la configuration que j’aurai pu avoir en le déployant complètement. Les vitesses que j’aurais pu faire sans ce pépin de cale basse n’ont rien de similaires avec celles que j’atteins en ce moment mais bon, je relativise énormément car le Vendée Globe aurait pu s’arrêter au large de l’Australie pour moi et je me retrouve de nouveau en tête du ce tour du Monde un mois après. Ce n’est que du bonus ! C’est super ! Je suis très content et je vais tout faire pour conserver la tête et aller au bout ».
Le dicton du jour : « On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre »
Si Charlie est revenu comme une fusée sur l’ancien leader Yannick Bestaven en quelques jours seulement, c’est en grande partie dû à une situation météo bien atypique et très localisée au large de Cabo Frio, ville de la côte brésilienne. « Ce front froid semi-permanent de Cabo Frio est assez identifiable et connu, j’en ai largement bénéficié et toute la flotte a pu revenir sur Yannick. Du coup, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, impossible de revenir seul sur Yannick sans les autres ; tout le monde a tiré bénéfice de cette situation. Par contre, je ne fais pas ma route en fonction de mes adversaires, j’applique un mélange de stratégie météo et de placement, un peu comme en Figaro », avoue le navigateur, double champion de France de course au large en Figaro en 2014 et 2016.

L’adversaire remarquable du jour : « Damien Seguin m’impressionne ! »
Parmi les 26 navigateurs encore engagés sur ce tour du Monde, Charlie Dalin a tenu a souligné les performances d’un double médaillé d’or paralympique. « Damien m’impressionne ! Il était encore juste derrière moi hier encore, je trouve qu’il réalise une superbe course ». Damien Seguin occupe encore la quatrième place du classement général à 67 milles de Charlie sur un IMOCA dessiné par Finot – Conq, construit en 2008 et dépourvu de foils. Une véritable prouesse !
L’instant kiné du jour : « Aucune douleur »
Soixante-sept jours de mer, ça use ! Cependant, les navigateurs ont une vraie discipline de vie et s’infligent une préparation d’athlète pour résister à ces presque trois mois de mer. « Physiquement, on ne fait que décliner mais l’idée était de partir hyper bien préparé et très en forme pour terminer encore en assez bonne condition malgré la déclivité physique et mentale. Je réalise que je me sens très bien à ce niveau-là et que je ne souffre d’aucune douleur. Autant j’ai ressenti des petites douleurs au dos après trois semaines de course, autant je me trouve en ce moment dans une excellente forme. La question me fait même réaliser que j’ai mal nulle part depuis bien longtemps et que tout va bien, aucune douleur musculaire ni lombaire à signaler ».
A deux semaines de franchir la ligne d’arrivée des Sables-d’Olonne, le skipper d’APIVIA semble prêt à lancer le sprint final en quête d’une couronne qui n’a jamais été autant convoitée…