APIVIA prêt pour l’envol !
Charlie Dalin et Yann Eliès ont franchi l’équateur ce jeudi après-midi.
En tête après s’être merveilleusement bien extirpé du Pot-au-Noir, le duo APIVIA va très vite trouver des allures portantes qui vont lui permettre de prendre appui sur ses foils et de prendre de la vitesse.
Il y a deux jours, APIVIA était positionné dans l’est du leader, Charal, avec 113 milles de retard. 48 heures plus tard, Charlie Dalin et Yann Eliès sont en tête de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre au pointage de 14 heures, avec 136 milles d’avance sur PRB et 138 sur Charal, tombé dans le piège infernal d’un Pot-au-Noir ; redouté pour ses zones sans vent et ses retournements de situation. C’est ce qui s’appelle un « bon coup pot ». Mais la chance se provoque quand on fait un juste mélange de rationalité, de vigilance, d’analyses fines, d’expérience, de flair… et quand on occupe déjà la deuxième place. Cette année particulièrement, le Pot-au-Noir propose des scénarios extrêmes le coup de pot peut muer en jackpot. Désormais installés en tête de la course des IMOCA, Charlie Dalin et Yann Eliès n’ont pas course gagnée. APIVIA est un bateau neuf, en partie fiabilisé même si le travail des équipes techniques depuis août a été d’une extrême précision.
C’est ce que partageaient les deux skippers d’APIVIA ce jeudi.
Vous aviez juste devant vous les Multi50. Est-ce que leur trajectoire vous a confortés dans votre choix pour la traversée du Pot-au-Noir ?
Charlie Dalin : « On a regardé la trajectoire des Multi50, notamment celle de Sébastien Rogues et Mathieu Souben qui étaient proches de nous. Ils prenaient une route assez similaire devant nous et comme ils ont droit à un routage à terre, cela nous a confortés effectivement dans notre choix. Cela nous a également permis de voir le moment où ils sortaient du Pot-au-Noir, de regarder Leurs vitesses et les angles qu’ils arrivaient à tenir ».
Est-ce que la traversée du Pot-au-Noir propose souvent des scénarios aussi radicaux ?
Yann Eliès : « Il n’y a pas toujours un gagnant et un perdant dans le Pot-au-Noir. Parfois, les conditions sont les mêmes pour tout le monde. C’est un scénario assez rare que nous vivons parce que, généralement, les écarts se font et se défont dans ce moment. L’incertitude règne généralement ! On a des outils informatiques et d’information de plus en plus performants, : on arrive à s’appuyer sur des faits de plus en plus précis.. Cette zone reste complexe à traverser. Il peut, comme cette année, se créer des écarts extrêmes, en notre faveur cette fois-ci. Cela n’a pas toujours été le cas : pour une fois, c’est en notre faveur et c’est tant mieux. »
Vous allez franchir l’équateur et basculé dans l’hémisphère sud. Allez-vous rendre grâce à Neptune, comme le veut la tradition ?
Charlie Dalin : « Non, on n’a pas fait de fête particulière, on a tous les deux passé plusieurs fois cette ligne symbolique. C’est ma troisième fois, c’est au moins la dixième pour Yann. On a prévu de faire une petite vidéo au passage de la latitude zéro. »
Dans les heures qui viennent, vous devriez trouver plus de vent et dans un meilleur angle. Est-ce une bonne nouvelle ? Est-ce que la navigation va changer ?
Yann Eliès : « On est sorti depuis plusieurs heures du Pot-au-Noir et on a trouvé des conditions plus favorables à la glisse d’APIVIA. On est à 70-80 degrés du vent, des conditions pour lesquelles APIVIA a été dessiné. On s’attend à atteindre des vitesses bien plus élevées ces derniers temps. On est tout de même stressé parce que ce bateau est très récent. C’est la première que nous passons autant de temps en mer à bord d’APIVIA. Avec la perspective d’une issue de Transat Jacques Vabre qui pourrait ne pas être mal du tout, on reste vigilant. On ne va pas tirer sur le bateau comme on l’aurait fait si on avait été à touche-touche avec d’autres concurrents. On en garde sous le pied, mais ce seront des conditions rapides et super sympa, et on va en profiter ».
Physiquement, comment vous sentez-vous ?
Charlie Dalin : « De manière globale, on sort très fatigué du Pot-au-Noir. Là, avec APIVIA, on a eu la chance d’avoir un pot-au-noir pas trop difficile, on ne s’est jamais complètement arrêté, on n’a jamais été « empétolé » dans un grain. Il y a bien eu quelques changements de voiles, mais rien de très engageant physiquement. En revanche, il fait très chaud dans le bateau, c’est très humide. En même temps on n’en attendait pas moins quand on navigue dans ces latitudes. On a fait attention à dormir suffisamment pour ne pas se mettre dans le rouge pour garder un certain niveau de vigilance et de forme. »
APIVIA est à l’épreuve d’une transatlantique depuis 10 jours pleins. Comment se porte le bateau ?
Yann Eliès. : « Cela fait onze jours que APIVIA est parti du Havre. On a eu quelques petits soucis techniques, mais on savait qu’en partant avec un bateau neuf, on en rencontrerait. Le délai de mise au point est toujours assez long, mais on est agréablement surpris du peu de problèmes qu’on a eu à gérer. C’est à mettre au crédit de toute l’équipe technique qui a très bien travaillé depuis la mise à l’eau. On a fait attention, on a choisi la bonne option (sud au départ, ndlr) et surtout, la course n’est pas finie, il faut faire attention, rester vigilant ! »
A terre, nous sommes épatés par l’ambiance qui règne à bord, et que vous partagez dans vos vidéos !
Charlie Dalin. : « Notre duo fonctionne ! on sait lorsque nous sommes fatigués pour prendre le relai et on arrive à rire tout en étant studieux, tout en s’occupant de la performance, des réglages… On a des beaux moments de partage, c’est notre deuxième transat ensemble, « ce n’est pas du faux ! ». On rigole autant hors caméra. »
