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APIVIA, sur un air d’accordéon

APIVIA, sur un air d'accordéon
MERCREDI 6 JANVIER 2021

APIVIA, sur un air d’accordéon

L’Atlantique Sud fait des siennes et mène la vie dure à APIVIA, qui se doit de composer avec un anticyclone en travers de la route. Pas le choix, Charlie pique de l’étrave dans le ventre mou de la haute pression pour la traverser le plus vite possible. Ce matin 9h00, APIVIA pointe à 213,24 milles (395 km) du leader.

Cet anticyclone n’en finit pas d’entretenir le suspense… Et chacun y va de son approche. Le leader Yannick Bestaven (Maître CoQ) a réussi dans la nuit à atteindre la bordure Nord de la zone de haute pression, Thomas Ruyant (LinkedOut), actuel 4e, a décidé de l’attaquer par la face Ouest, et Charlie sur APIVIA tente, depuis hier fin de journée, de couper le fromage en s’approchant du centre de la haute pression… Et si les vitesses ont chuté depuis hier soir, nul doute que la volonté de Charlie est de traverser au plus vite cet anticyclone qui, quoi qu’il en soit, a décidé de glisser vers l’Est, bloquant à terme toute possibilité de contournement. Un glissement dans l’Est de cette masse molle qui pourrait à terme sérieusement bloqué l’histoire et largement handicaper la progression des bateaux sur la route directe. Un vrai bon ou mauvais timing, un vrai bon ou mauvais alignement des planètes, une vraie bonne ou mauvaise surprise d’avoir quelques nœuds de vent supplémentaires dans les bordures de l’anticyclone pour pouvoir s’extirper et s’échapper plus rapidement de cette barrière naturelle… « Le truc, c’est que les trajectoires sont dictées par nos positions à l’instant T. déclarait Charlie hier. Une option peut marcher pour l’un et ne peut pas exister pour l’autre. Les systèmes sont mouvants. Les options s’ouvrent et se referment différemment pour les uns et les autres. On se retrouve dans une zone où la stratégie et le placement sont importants, sauf que les prévisions changent énormément. La situation est très complexe et les fichiers ne sont pas ultra performants. » On l’aura tous compris : cet anticyclone va tantôt faire gagner des milles à l’un, pour en faire potentiellement perdre le lendemain… Un vrai jeu d’accordéon où, si une chose est acquise et tous le savent : celui qui entre le premier dans la zone à risque est logiquement celui qui en sort le plus vite. Et suivant cette logique, Yannick Bestaven (Maître CoQ) devrait gagner toujours plus de milles pour prendre la poudre d’escampette dès ce matin. Une vraie journée sous haute surveillance et à haute tension pour Charlie qui va devoir peaufiner ses réglages, changer de configuration de voiles à la volée, décortiquer ses fichiers météo et perpétuellement s’adapter au vent qu’il trouvera sur zone pour sortir de cette nasse infernale. A noter que Charlie, dans ces conditions de vent très légères, en a profité pour monter en haut du mât d’APIVIA pour réparer une pale de sa girouette. A tout malheur est bon…

Charlie en tête de mât

Le mot à retenir :

Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « Ça va commencer à se réchauffer rapidement. J’ai eu jusqu’à 14 degrés dans le bateau. Les tenues vont s’alléger au fur et à mesure. C’est agréable après avoir vécu 40 jours au Sud des 40e. Maintenant, c’est carrément chaud par rapport à ce que j’ai connu dans le grand Sud ! ».

Fichiers météo perturbés et… perturbants !

Deux fois par jour, dans son « planning idéal », Charlie travaille sur ses fichiers météo pour optimiser la meilleure trajectoire d’APIVIA et établir sa stratégie des jours à venir. Confrontation des différents modèles météo disponibles, projection des polaires de vitesse (vitesses du bateau en fonction de la direction et de la force du vent) d’APIVIA, le tout afin de déterminer en fonction des scénarios possibles la meilleure des routes à suivre. Des fichiers météo, donc sous haute surveillance, mais qui auraient bien tendance à jouer les filles de l’air dans cet Atlantique Sud. Explications et éclairages… « Quand Charlie a passé le Horn, les fichiers météo n’étaient pas du tout les mêmes et c’est pour cela qu’il est passé dans le détroit de Le Maire explique Antoine Carraz (Directeur technique d’APIVIA). Ensuite, sur le fichier d’après, les conditions avaient changé. Du coup, il a dû se recaler dans l’Est, a perdu des milles et du temps. Maintenant, cet anticyclone lui barre bien la route et il tente de le traverser pour, à priori, récupérer la bordure Ouest de celui-ci, le plus vite possible. Il est vrai que les sources météorologiques ne sont pas très fiables dans cette partie-là. Ils ont eu l’habitude, dans les mers du Sud, d’avoir des fichiers météo très proches les uns des autres. Les systèmes météo sont plus importants et de fait, plus stables. Ici, on voit bien sur la carte de l’Atlantique Sud qu’il y a plein d’anticyclones, de petites dépressions qui varient rapidement et qui viennent perturber le schéma global. De fait, il est assez compliqué de se projeter sur une stratégie à long terme ». Gageons que Charlie nous montre, une fois de plus, sa maîtrise de la situation, comme lors de cet anticyclone rencontré dans l’Océan Pacifique où il avait déjoué tous (les mauvais) pronostics. A suivre…

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :

  • Date et heure de la news : mercredi 6 janvier – 9h00
  • Classement : 2e
  • Distance au 1er : 213,24 milles (395 km)
  • Vitesse : 6,94 nœuds (12,85 km/h)
  • Cap : 51°
  • Distance à l’arrivée : 6 219,41 milles (11 518,35 km)