APIVIA, sur un air de tango !
Charlie, tel le célèbre « pibe de oro » (gamin en or) argentin, contre-attaque au large des côtes Argentines… APIVIA glisse à près de 20 nœuds, cap au Nord, étrave quasi-alignée sur la route la plus efficace. Près de 120 milles (222 km) rattrapés en 36 heures sur le leader Yannick Bestaven (Maître CoQ) et, il se pourrait bien que cette contre-attaque se poursuive le long du terrain de jeu Brésilien. Explications…
Un vrai air de tango en ce moment pour APIVIA… Et si Charlie et APIVIA croisent au large des côtes Argentines, c’est avant tout cette météo calée sur différents tempos, qui est à l’image de cet incroyable tango qui se joue au large de Buenos Aires. Rappelons également que le tango se pratique à deux, à l’image d’APIVIA et LinkedOut, aussi proches que deux danseurs argentins. On dit, et ce n’est pas un hasard, que la météo sur cette partie du globe est une des plus complexes qui soit, avec ces dépressions soudaines qui se forment au large des côtes d’Amérique du Sud. Des phénomènes dépressionnaires qui viennent diablement perturber le schéma global, sans parler de ces bulles anticycloniques qui naissent, grandissent et s’étalent sans prévenir. Et si on savait cette remontée complexe, elle est en train concrètement de le prouver. Faut-il rappeler que de nombreux Vendée Globe se sont joués ici ? Faut-il rappeler qu’Armel Le Cléac’h (vainqueur de la dernière édition), avait passé le cap Horn deux jours avant Alex Thomson et que ce dernier était ensuite remonté à 30 milles (55,6 km) de son tableau arrière ? Oui, ici, tout est possible…
Après avoir lutté avec un anticyclone, qui a permis à Yannick Bestaven (Maître CoQ) de s’échapper seul et de compter jusqu’à plus de 400 milles d’écart (740 km), APIVIA grappille aujourd’hui son retard, heure après heure, calé sur la bordure Nord d’une dépression dont le centre est situé à 1 800 milles (3 333 km) au large de La Patagonie, juste à la limite de la zone de glaces… APIVIA, calé dans le Nord de ce phénomène dépressionnaire, bénéficie de vents portants accrochant régulièrement les 20 nœuds (37 km/h) de vitesse moyenne. Et si Charlie comptait 439,55 milles (814 km) de retard le jeudi 7 janvier à 14h00, APIVIA pointe ce matin 9 heures à 320,66 milles (593,86 km) dans le sillage du leader. Vous l’avez compris : rien n’est joué. « Il y a une expression en bateau qui dit que tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout peut arriver, déclare Charlie ce matin. Je pense que cette expression s’applique encore plus particulièrement sur le Vendée Globe ! On a vu qu’il y a eu un grand nombre de retournements de situation depuis le départ ». Oui, et si rien ne sera jamais terminé tant que la ligne d’arrivée de cette 9e édition ne sera franchie, force est de constater qu’une nouvelle zone de transition calée au large de Porto Alegre et de Florianopolis (Brésil) donne actuellement du fil à retordre au leader, qui voit depuis hier ses vitesses tantôt monter, tantôt chuter. Une nouvelle zone de non-droit, imposée et fluctuante, qui pourrait permettre un incroyable regroupement dans les jours à venir et voir Charlie toujours plus recoller au classement. Nul doute que Yannick doit regarder dans son rétroviseur, Charlie et Thomas s’auto-motivant actuellement en navigant coque à coque, profitant pleinement d’un flux providentiel de Sud-Ouest de 10 à 15 nœuds (27,8 km/h), leur permettant de faire route directe. Et si Armel Le Cléac’h voit un possible regroupement de la tête de la course au large de Salvador de Bahia distant ce matin de 1 500 milles (2 778 km), il pourrait bien que ce tango se transforme en samba endiablée, dès la latitude de Rio de Janeiro. A suivre…
Le mot à retenir :
Christian Dumard (Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe) : « L’élastique se tend et se détend… Devant, Yannick Bestaven sur Maître CoQ butte dans une zone de vents faibles au large du Brésil. L’élastique pourrait donc se « détendre » avec un resserrement probable de la tête de la flotte dans les prochaines 48 heures ».
Une motivation intacte pour Charlie !
Deux mois de mer, à hier vendredi 8 janvier, pour APIVIA et Charlie… Si Charlie n’y a pas nécessairement pensé, absorbé par l’exigence qu’il met à pousser APIVIA au top de ses performances, nul doute que c’est dans cette remontée Atlantique que les baisses de moral, les fatigues des organismes, les pénuries de sommeil, sans oublier les efforts réalisés sur les bateaux se font et feront sentir. Toute la force du Vendée Globe et de cette course autour du monde, en solitaire et sans assistance est en train de s’exprimer dans cette dernière remontée Atlantique. Aussi, le mental se doit d’être au top et Charlie, même s’il est au cœur de son premier Vendée Globe, de ses premières mers du Sud, de tant de jours de mer en solitaire, le sait… « Les bateaux sont en mer depuis deux mois déjà, et tout commence à être un peu usé. Comme les marins qui commencent à être fatigués… Je m’accroche, je me bats, je règle le bateau, je fais mon matossage, je mets tout en ordre de marche pour aller le plus vite possible et pour aller chercher Yannick. La route est encore longue jusqu’aux Sables d’Olonne, et il y aura encore des opportunités j’en suis sûr. Et si on voit des opportunités, il faut croire en elles… Et si je les vois, je les saisirai ! ». Chapeau bas Charlie… Nous sommes tous derrière toi !
Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :
- Date et heure de la news : samedi 9 janvier – 9h00
- Classement : 2e
- Distance au 1er : 320,66 milles (593,86 km)
- Vitesse : 13,05 nœuds (24,17 km/h)
- Cap : 34°
- Distance à l’arrivée : 5 511,72 km (10 207,71 km)