Charlie Dalin et APIVIA, 2e de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe
Charlie Dalin a coupé la ligne d’arrivée de la 12e Route du Rhum ce lundi 21 novembre à 9h53, heure de Paris. Impressionnant leader durant les huit premiers jours de course, le skipper d’APIVIA a vu émerger de l’anticyclone des Açores Thomas Ruyant, revenu de l’arrière pour faire parler la vitesse de son Imoca modelé pour le vent au portant. Sa deuxième place, à 2h02 de Thomas Ruyant, additionnée à ses trois victoires en solitaire de l’année, font logiquement du skipper d’APIVIA le champion IMOCA de la saison 2022.
Forcément, Charlie Dalin aurait aimé mieux, et plus. Il a fait tous les efforts, et même plus, pour s’emparer de la victoire sur la première Route du Rhum qu’il était amené à courir. Ses premiers jours de course ont signifié la force de sa volonté. Jouant en même temps la finesse des options dessinées au millimètre et l’acceptation de la brutalité des premiers jours en mer dans du vent fort et de face, le skipper d’APIVIA a très vite creusé des écarts conséquents sur ses poursuivants, jusqu’à 95 milles sur les leaders de la flotte au 4e jour de course. Puis la flotte est revenue, une première fois, puis une deuxième. Plus loin, une porte dans laquelle il comptait s’engouffrer pour faire un break qui aurait pu être définitif s’est refermée juste devant APIVIA, et Thomas Ruyant est revenu au contact.
Dans la bataille d’empannages qui a suivi, le skipper LinkedOut, très inspiré et supporté par son IMOCA qu’il a su faire briller dans les vents portants, s’est éloigné. Parfois à 50 milles, parfois à 5, comme lors des dernières heures de course, Charlie Dalin n’a rien lâché, si bien que tout aurait pu se jouer cette nuit encore : « C’est toujours difficile quand ça ne sourit pas souvent à celui qui est devant. (Après la dorsale de l’anticyclone des Açores) On s’est retrouvé plusieurs fois, avec Thomas, mais il a réussi à repartir à chaque fois. Ce matin encore, on se retrouve, j’étais revenu à 5 milles, mais j’ai pris deux grains à 12 nœuds, et c’était bâché ». Même le tour de Guadeloupe et ses chausse-trapes, n’ont pas eu raison de la vitesse du futur vainqueur.
Pour Charlie Dalin, cette deuxième place au goût acidulé porte des vérités profondes. De 2019 à ce jour, son IMOCA s’est toujours révélé fiable : il a terminé 100% des courses du calendrier. Mieux : en quatre ans, sa plus mauvaise place aura été 2e. De quoi se rassurer et avancer avec des certitudes vers la nouvelle épopée qui s’ouvre, avec la mise à l’eau du futur APIVIA 2 : l’équipe de MerConcept qui veille sur le monocoque et son skipper ont tous les savoirs nécessaires à la conquête des plus grandes victoires.
TÉMOIGNAGES
Charlie Dalin : « Ce n’est pas la place que je venais chercher, c’est un fait, mais je suis heureux d’être là. Une deuxième place sur la Route du Rhum, ça reste bien. J’ai participé aux trois grandes classiques, la Solitaire du Figaro, le Vendée Globe et la Route du Rhum. Je fais deuxième à chaque fois. On va bientôt pouvoir m’appeler Poulidor !
À chaque transition, c’est revenu par derrière. Ensuite, il fallait à nouveau reconstruire. Puis il y a eu la dorsale (de l’anticyclone des Açores), où ça a été plus compliqué. J’étais dans du vent faible, et je n’ai plus eu de quille pendulaire de la journée. Je ne m’en suis pas trop mal sorti : j’ai dû pomper à la main (le liquide hydraulique renversé dans le bateau). Cela m’a pris une vingtaine de minutes. Le faible vent et la quille ont rendu la journée pénible… J’ai eu à gérer un autre souci, qui est survenu après trois minutes de course : le pignon d’un winch a cassé, je n’ai pu tourner que sur trois winches au lieu de quatre, ce qui a constitué un petit défi supplémentaire. Pour le reste, j’ai pu tirer sur le bateau comme je voulais. C’était juste plus compliqué au portant.
La Route du Rhum est une course intense, un sprint. Je n’ai eu le temps de rien faire à part m’occuper du bateau. Je suis extrêmement fatigué. Il faut être à fond et très toilé tout le temps. La vigilance est permanente. Ce rythme est dur à tenir pendant 11 jours. Je suis peut-être parti sur un rythme un peu trop élevé. Il y a eu une belle bagarre, et pas seulement avec Thomas. C’est super de voir que tous les bateaux neufs sont encore en course.
C’est toujours difficile quand la météo n’est pas souvent favorable à celui qui est devant. (Après la dorsale) On s’est retrouvé plusieurs fois, avec Thomas, mais il a réussi à repartir à chaque fois. Ce matin encore, on se retrouve, j’étais revenu à 5 milles, mais j’ai pris deux grains à 12 nœuds… et c’était bâché. J’espérais qu’on ferait le tour de Guadeloupe ensemble, j’espérais qu’il « collerait » un peu… et puis non. Thomas a géré ça comme un chef. J’espérais faire un tout petit peu mieux… C’est comme ça. »
Nathalie Mayance, Présidente d’Apivia Macif Mutuelle : « Charlie a fait une course incroyable depuis le premier jour de cette course mythique qu’est la Route du Rhum, et qui lui tenait tant à cœur. Aujourd’hui en Guadeloupe, bien que nous ayons le cœur serré en pensant à OC Sport Pen Duick, nous remercions Charlie d’avoir fait vivre ces moments très intenses aux collaborateurs, délégués et adhérents d’Apivia Macif Mutuelle. »
Jean-Marc Simon, Directeur Général d’Apivia Macif Mutuelle : « Nous sommes fiers de retrouver Charlie ce matin ! C’est avec une émotion intense que nous finissons cette première page de l’histoire et je tiens vraiment à remercier Charlie, notre héros, qui n’a eu cesse de nous faire rêver depuis la première Transat Jacques Vabre en 2019. La Route du Rhum signe le clap de fin de notre première aventure dans la course au large et le début d’une autre avec le Vendée Globe en ligne de mire ! Que d’émotions et de joie partagées depuis, et quelle fierté de se réunir tous sous les mêmes valeurs d’Apivia Macif Mutuelle ! »