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Coup de chien au Horn pour APIVIA

Coup de chien au Horn pour APIVIA
samedi 02 janvier

Coup de chien au Horn pour APIVIA

APIVIA va doubler ce jour le cap Horn, dernier des grands caps des mers du Sud. A défaut de champagne pétillant, c’est une fin d’océan Pacifique bouillonnant qui va accompagner Charlie, pour son retour Atlantique ! Un cap des Tempêtes digne des livres d’histoire pour les deux bateaux leader du Vendée Globe qui vont, de concert, faire face à un dernier baroud d’honneur puissance XXL…

Ce cap se devait d’être une fête, une libération, une célébration, une délivrance, un acquittement… Il le sera certes, mais c’est avant tout cet incroyable coup de vent, cette dernière tempête en guise d’au revoir, qui va marquer cette sortie des mers du Sud. Cette fameuse sortie de tunnel de plusieurs semaines passées dans l’océan Indien et l’océan Pacifique se clôturera dans un vent colérique et une mer en furie. Nul besoin de superlatif pour qualifier ce dernier coup de vent sudiste, il suffit de lire : « Le vent de Nord-Ouest va se renforcer à l’approche du cap Horn avec la compression des isobares le long de la cordillère des Andes explique Christian Dumard(Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe). Le vent devrait atteindre 45 nœuds avec des rafales à 60 nœuds samedi 2 décembre en fin de journée. La hauteur moyenne des vagues pourrait dépasser 7 à 8 mètres. Les conditions devraient s’améliorer en deuxième partie de nuit avec la dépression qui s’évacue vers le Sud pour aller mourir sur la péninsule Antarctique. » 

Oui, vous l’aurez compris APIVIA et Charlie vont se faire secouer, cueillir par ce front dépressionnaire qui descend du Nord et son puissant souffle qui virera, progressivement, au Nord-Ouest puis à l’Ouest. Une vraie dernière claque qui va surtout générer une mer puissante et de fortes vagues de Nord-Ouest. Ajoutez à cela la houle résiduelle d’Ouest du Pacifique, l’effet entonnoir de ce bout de continent américain avec les terres glacées distantes seulement de 1 000 km, les hauteurs de la chaîne de montagne Sud-américaine où vient rebondir le vent, les hauteurs rocheuses du Cap Dur et vous avez un vrai capharnaüm marin. Charlie ne s’y trompe guère et il suffit de regarder le repositionnement d’APIVIA ses dernières 24 heures, qui « plonge » vers le Sud-Ouest, après son intéressant décalage dans le Nord. Nul doute que Charlie veut tenter de minimiser les effets de ce dernier coup de vent, même si cet après-midi, APIVIA devrait faire face, selon les fichiers météo, à 45 nœuds de vent établis et des vagues possibles de 8 mètres. « Ça remue, c’est le moins qu’on puisse dire déclare Charlie ce matin. Le vent vient s’écraser sur la cordillère des Andes et il y a de bonnes accélérations de l’air… Je n’ai jamais été aussi Sud que maintenant dans ce Vendée Globe et le soleil ne se couche pas entièrement. Je ne suis pas loin du 58° Sud et on sent que c’est un lieu particulier : il reste une lumière persistante, le soleil ne doit pas être très loin derrière l’horizon… Le vent prend tout doucement de la gauche, passant du secteur Nord au Nord-Ouest : ma route est aussi doucement en train de s’infléchir vers le cap Horn. Actuellement, j’ai autour de 30 nœuds de vent, un peu moins fort que prévu, mais ça devrait augmenter : le plus fort devrait arriver dans l’après-midi, heure française. Je ne vois pas trop l’état de la mer, mais ça bouge pas mal. »

Une situation qui, heureusement, ne durera que peu de temps puisque cette dépression qui va balayer l’extrême Ouest du passage de Drake va rapidement mourir sur les terres Antarctiques. De fait, une fois passé le cap Horn, APIVIA devrait recouvrer une mer maniable de 3 mètres et un vent modéré et faiblissant de 30 nœuds. Commencera alors une autre partie de jeu avec la remontée de cet Atlantique Sud. Cap alors vers les îles Falkland qu’APIVIA devrait laisser sur bâbord. Une nouvelle partie commencera alors… comme elle s’est terminée en 2020, soit toujours au coude à coude avec Yannick Bestaven (Maître CoQ) distant ce matin 9 heures, de 165, 54 milles (306,58 km).

Le mot à retenir :

Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « Je m’apprête à affronter ma dernière tempête des mers du sud. Cela fait 35 jours que je suis dans les mers du Sud et je n’en attendais pas moins pour le passage du Cap Horn, d’avoir un dernier coup de vent à affronter avec une mer assez grosse. »

Le cap Horn, mythes et réalités…

Le grand sud Chilien a toujours bercé de fabuleuses histoires et été le théâtre naturel de scènes légendaires. On y parle de vents de l’enfer, de terres de désolation et d’école de la solitude… « Les marins prétendent qu’à un mille de ce tragique promontoire, témoin de l’incessant duel que se livrent au Cap Horn les deux plus grands océans, le Diable veille au fond des eaux, harnaché de chaînes et de fers qui grincent épouvantablement les nuits de tempête, quand les flots montent à l’assaut des ombres »… Francisco Coloane, dans son livre « Cap Horn », nous plonge dans ce « monde du bout du monde » cher à son autre compagnon écrivain chilien, Luis Sepulveda. Magique et inquiétant… Un cap, où vent et vagues sont soudainement compressés et montent en puissance entre la Cordillère des Andes et les terres Antarctiques proches. Un cap, aux allures de porte d’entrée vers un monde où l’on reprend pied et où le soleil retrouve sa place et sa sérénité. Saviez-vous que l’origine du nom est néerlandaise, le cap ayant été baptisé ainsi en l’honneur de la ville de Hoorn, aux Pays-Bas, par le marchand hollandais Jacob Le Maire, accompagné du navigateur Willem Schouten. Tous deux doublent la pointe extrême de l’Amérique le 31 janvier 1616. Ce cap, qui est le plus Sud des grands caps, marque la limite Nord du passage de Drake. Ces dangers et l’extrême difficulté de son franchissement ont donné au cap Horn son caractère légendaire, mais aussi la réputation d’être un vrai cimetière marin. Il faut dire que l’histoire révèle de bien incroyables archives maritimes… Ainsi, certains navires sont restés, plusieurs semaines, coincés avant de pouvoir franchir le Horn. Ainsi, en 1740 la flotte de l’amiral George Anson mit plus de sept semaines avant de pouvoir entrer dans le Pacifique. En 1788, le lieutenant William Bligh – commandant du Bounty – renonça à le doubler après avoir bataillé sans succès pendant 29 jours et mit finalement le cap à l’Est, pour rejoindre Tahiti via le cap de Bonne-Espérance et profiter, ainsi, des vents portants. Nul doute, le Horn se mérite et Charlie ne le démentira pas aujourd’hui…

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :

  • Date et heure de la news : samedi 2 janvier – 9h00
  • Classement : 2e
  • Distance au 1er : 165, 54 milles (306,58 km)
  • Vitesse : 15,68 nœuds (29,04 km/h)
  • Cap : 83°
  • Distance à l’arrivée : 7 332,14 milles (13 579,12 km)