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[DANS L’OEIL DE… ] MICHEL DESJOYEAUX

[DANS L'OEIL DE… ]  MICHEL DESJOYEAUX
VENDREDI 13 NOVEMBRE 2020

[DANS L’OEIL DE… ] MICHEL DESJOYEAUX

Avec plus de vingt-cinq victoires à son actif, dont un triple couronnement dans la Solitaire du Figaro (1992, 1998 et 2007) et une double victoire dans le Vendée Globe (2001 et 2009), seul marin à l’avoir réalisé, Michel Desjoyeaux est l’un des navigateurs en solitaire les plus titrés !

Quel est ton regard Michel sur ce début de Vendée Globe ?

Michel Desjoyeaux : Ils sont partis vite dès le début et ont eu une sortie de Golfe de Gascogne assez sympathique, je trouve. Les monocoques à foils ont clairement montré leurs capacités sur les toutes premières heures de course, il n’y avait pas photo. Ensuite, ils savaient tous qu’il fallait aller chercher ce front et taper dedans. Ce n’était une surprise pour personne… Certes, j’ai regardé cela bien assis dans mon canapé, mais on a senti quand même qu’ils ne voulaient pas trop, trop y aller… Pour moi, il a deux explications. La première, qui n’est pas très rationnelle, c’est que bien que ces bateaux soient faits pour encaisser de telles conditions météo, il n’y avait que 40 nœuds, j’ai entendu parler de 45 nœuds dans les rafales, et on évoque le mot tempête ! Il faut se calmer un peu (sourires) car ils vont connaître bien pire mais voilà. Juste après le départ, ils n’avaient pas l’air motivé, et beaucoup ont esquivé. La deuxième qui est plus rationnelle, c’est que l’état de la mer ne permet pas aux monocoques foilers de tenir toujours la cadence, dès qu’il y a des vagues. Hors là, ils ont eu assez rapidement de la mer et il fallait parfaitement connaître son bateau et ses capacités de performances, dans des conditions qu’ils n’ont pas beaucoup vues à l’entrainement…

Quel est ton regard sur la navigation de Charlie sur APIVIA sur cette première semaine de navigation ?

MD : Charlie a été pertinent dans ses choix de route. Il faut rappeler qu’aujourd’hui, la machine (ndlr, centrale de navigation avec rassemblements et analyses des données des performances du bateau, des polaires de vitesse du bateau et des fichiers météo avec vents et état de la mer…) canalise tes choix de route. Et justement, APIVIA me semble mieux outillé que les autres, en ce qui concerne les analyses de dégradation des performances due à la mer. La bonne illustration est par exemple avec Thomas (ndlr, Ruyant sur LinkedOut) qui a été le plus incisif dans son attaque du front. Mais, après le passage du front, il lui manquait environ 30% des performances sur mer plate, il s’est retrouvé en retard sur la progression prévue… Charlie a pu revenir sur lui, parce qu’il a été plus pertinent et efficace dans ses choix de route. 

Tu t’es déjà exprimé sur le sujet, mais que penses-tu de Charlie ?

MD : Pour moi, c’est le meilleur skipper du plateau et j’assume totalement cet avis, il finit sur le podium pour ses 5 dernières Solitaire du Figaro. Il est incisif dans ses choix… Bon, d’accord, il a fait une petite erreur dans un changement de voile qui a un peu traîné en longueur mardi après-midi (sourires), mais il a très bien géré son début de course. Il montre qu’il connaît parfaitement son bateau et ses capacités de performance. Et, quand on connaît la qualité du marin, le fait qu’il sorte de ce front avec le bateau entier ne me surprend pas du tout !