Dompter le vent pour un moral au beau fixe
Plusieurs fois par jour à la télévision et à la radio, ou à la demande sur nos applis, les prévisions météorologiques ne nous disent pas seulement le temps qu’il va faire. Elles nous donnent la météo de notre humeur, influencent nos activités, alimentent nos conversations. Le skipper en solitaire, lui, traverse les climats et les conditions météo à une vitesse qui lui laisse peu le loisir de se lamenter sur ses rhumatismes ou de s’extasier sur les alizés.
Le vent, la pluie, les orages, ce n’est drôle pour personne, et encore moins pour un skipper qui doit lutter seul contre les éléments. Mais, pour Charlie Dalin, le climat, la température, l’état du ciel, sont autant de repères et de marqueurs qui se substituent aux paysages du voyageur à terre, et créent des alternances dans la longue continuité du voyage maritime. Passer d’un ciel bleu à un ciel de pot au noir, franchir la zone de transition orageuse entre les alizés de l’hémisphère nord et ceux de l’hémisphère sud, imposent, sur une course en solitaire, de conserver son humeur la plus stable possible. Avec la fatigue, les émotions sont exacerbées, il faut donc prendre garde à gérer ses états d’âme, sans donner trop d’importance à la météo, qui n’est qu’un des paramètres de la course. Il est même arrivé à Charlie, comme sur la course du Figaro, de remercier une météo pluvieuse parce qu’il savait que cela pourrait gêner certains concurrents et lui permettait de se concentrer encore mieux sur ses réglages et sa stratégie. Soleil, vent, pluie, froid, rien ne fera déboulonner le skipper. Il doit conserver le moral au beau fixe.
On n’en dira pas autant de notre capacité à nous satisfaire des éléments, nous autres commentateurs insatiables du temps qu’il fait ! Mais quels sont, au juste, les effets réels du climat sur notre santé et notre état psychologique ? Sur le front des rhumatismes, censés se réveiller quand l’humidité et le froid augmentent, les études scientifiques ne trouvent pas de lien entre leurs symptômes et le temps qu’il fait, alors que les gens ont sincèrement l’impression que leurs douleurs se réveillent. Si l’on parle psychologie, avoir une « humeur printanière » est une expression bien trompeuse quand on sait que les intersaisons, printemps comme automne, peuvent générer, l’une et l’autre, des troubles anxieux. Mais, une chose est certaine, on râle lorsqu’il faut sortir le parapluie, et on se réjouit des premiers rayons du soleil, preuves que le temps a bien une influence sur notre humeur.
Plus concrètement, on connaît bien les méfaits du soleil sur notre peau, que l’on continue pourtant à exposer trop souvent, au risque de développer un cancer, et on a dramatiquement pris conscience des effets de la chaleur lors de l’épisode de canicule qui engendra, en 2003, une surmortalité estimée à 70 000 décès en Europe. Avec le réchauffement climatique qui se confirme, l’augmentation de la production d’ozone affecte les personnes souffrant de pathologies respiratoires chroniques. Les périodes de production de pollens s’allongent avec, comme résultat, une augmentation des rhinites allergiques. Des pathogènes tropicaux qui migrent vers les régions, aujourd’hui tempérées, de l’hémisphère nord, des virus et des bactéries qui profitent des inondations plus fréquentes, le tableau peut paraître peu réjouissant mais ne doit pas nous plomber le moral.
En ce début d’automne, par beau temps comme par temps de pluie, que l’on soit météo sensible ou pas, sortir marcher sous les embruns peut s’avérer réjouissant et stimulant. Ce n’est pas Charlie qui me contredira !
Lire l’article Météo, que de maux ! sur apivia-prevention.fr
Texte : Jean-Christophe Moine