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Glissades sous contrôle pour APIVIA

Glissades sous contrôle pour APIVIA
SAMEDI 28 NOVEMBRE

Glissades sous contrôle pour APIVIA

Charlie et APIVIA viennent d’accrocher leur première dépression australe qui les emmène vers le Cap de Bonne-Espérance, deuxième point de passage mythique après l’équateur. Charlie « à la fois à l’attaque et à la fois conservateur » accroche les 20 nœuds (37 km/h) de moyenne et accentue, inexorablement, son avance au classement avec 308,11 milles (570,62 km) sur le deuxième.

Enfin… Enfin, Charlie peut ouvrir les voiles et laisser exprimer toute la puissance d‘APIVIA qui peut déployer, à l’image de l’albatros, « ses ailes de géant ». Rappelons que ces derniers jours, tendance sans fin, ont été laborieux et compliqués pour le leader. La faute à cet anticyclone qui s’est déplacé d’Ouest en Est, emprisonnant Charlie au fur et à mesure de sa progression vers le Sud. Réflexions devant l’ordinateur du bord pour chercher la meilleure trajectoire, confirmation de temps en temps sur l’eau des modèles météo, mais aussi réactivité face à certaines prévisions qui n’étaient pas au rendez-vous… APIVIA a dû se frayer un chemin sinueux dans les vents anarchiques de cet anticyclone de Sainte-Hélène, bien peu coopératif. Mais, soyons francs : à quelque malheur est bon !

Car, en effet, notre duo a profité de cette situation complexe pour accentuer son leadership au classement et construire un solide matelas d’avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut), deuxième. Une avance qui, depuis le lundi 23 novembre à 9 heures (première pole position pour APIVIA), est passée de 18,03 milles à 308,11 milles ce matin même heure. Même écho, pour ce qui est du 3e, puisque l’avance sur l’incroyable Jean Le Cam (Yes We Cam) a bondit de 262,34 milles à 361,01 milles ce matin. Impressionnant ! Conclusion : Même si cela a été compliqué, Charlie et APIVIA ont parfaitement géré cette zone de transition, rappelant que c’est souvent dans les petits airs que se construisent les plus gros écarts. Chapeau bas.

Et si APIVIA a basculé depuis la nuit de jeudi à vendredi dans un nouveau système, c’est bien un autre monde, une nouvelle course qui commence. « Je suis content de découvrir ces mers par moi-même. Maintenant, c’est à mon tour de vivre ma première expérience ! ». Charlie, tourdumondiste novice et heureux de l’être, découvre enfin ce fameux tapis roulant des mers du Sud. Car si les dépressions tournent sans fin autour de l’Antarctique, générant houle et vent au portant, le but maintenant est d’accrocher celles-ci en gérant le mieux possible force du vent, état de la mer, vitesse, surfs, état du bateau et zone d’exclusion des glaces.

Charlie va dorénavant méticuleusement organiser et peaufiner ses empannages en tentant de viser – quand il le pourra – les meilleures échelles de vent et de mer pour optimiser la vitesse du bateau. Un subtile « ni trop / ni trop peu ». Un évident « je perds de la distance sur les autres sur ce bord, j’en gagnerai sur le prochain » « Le vent est rentré, cela commence à y aller explique Charlie. Je fais très attention au bateau et je fais des tours réguliers pour contrôler. En fait, il faut trouver le bon compromis entre tirer sur la machine pour l’exploiter au maximum, mais aussi la préserver pour la ramener dans le meilleur état aux Sables d’Olonne. Je vais avoir une gestion importante d’APIVIA à partir de maintenant. Il faut être à la fois à l’attaque et à la fois conservateur ». Charlie le rappelle : Naviguer dans l’hémisphère Sud, soit la tête en bas, ne veut pas dire ne pas avoir la tête sur les épaules…

Le mot à retenir

Charlie Dalin (skipper d’APIVIA) : « Je ne m’attarde pas trop sur le classement et je ne pense pas trop à cela, même si je suis satisfait de la place où je suis. Mais la route est longue et il reste encore tellement de dizaine de milliers de kilomètres à parcourir. »

« Le monde du bout du monde »

Il y a bien des signes qui ne trompent pas : « Je devrais franchir la longitude du cap de Bonne-Espérance lundi dans la journée. Mais là, je suis vraiment content de naviguer enfin dans ces mers du Sud, surtout avec la Lune : c’est super beau. Hier soir, c’était magique avec plein d’oiseaux qui virevoltaient autour du bateau ! Le changement climatique est assez brutal, même si l’entrée en matière a plutôt été douce. » Si Yann Eliès l’explique admirablement bien (lire Dans l’œil de…), naviguer ici reste bien un mélange entre anxiété et bonheur. L’anxiété du froid, de la longue houle, des dépressions, de la mer sombre, des déferlantes, de l’humidité permanente, des jours gris et de la vie enfermée dans l’habitacle…  Le bonheur de vivre un moment unique qui marque à jamais la vie d’un marin, seul sur son bateau dans les contrées liquides les plus hostiles, de croiser et d’observer pétrels géants et albatros à sourcils noirs, de marquer sur sa carte les longitudes des caps mythiques de Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn.

Naviguer ici, est comme si vous entriez de plein fouet dans un livre aux incroyables pages d’histoires. Saviez-vous que le vent souffle aux Iles Kerguelen 120 jours par an à 100 km/h de moyenne et que des pointes à plus de 180 km/h sont régulièrement enregistrées ? Saviez-vous qu’un albatros ne revient à terre que pour nicher et qu’il peut aller pêcher jusqu’à 3 200 km de son nid ?  Enfin, saviez-vous que le 22 septembre 1887, un albatros, épuisé, avait été découvert sur la plage de Fremantle (côte occidentale de l’Australie) avec à son cou, une plaque de fer blanc avec, gravés, ces mots : « Treize naufragés français sont réfugiés à Crozet, 4 août » ? 49 jours après, l’albatros avait livré son message à 5 500 km de là ! Un navire avait, alors, été envoyé à la rescousse des naufragés qui ne seront jamais retrouvés. Oui, Charlie et APIVIA viennent d’entrer dans un autre monde, ce fameux « monde du bout du monde » si cher à Luis Sepulveda !

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21

  • Date et heure de la news : samedi 28 novembre – 9h00
  • Classement : 1er
  • Avance sur le 2e : 308,11 milles (570,62 km)
  • Vitesse : 18,02 nœuds (33,37 km/h)
  • Cap : 68°
  • Distance à l’arrivée : 18 487,6 milles (34 239,04 km)