Votre espace client Aller dans mon espace client

Hautes pressions pour APIVIA

 Hautes pressions pour APIVIA
MERCREDI 23 DéCEMBRE 2020

Hautes pressions pour APIVIA

Hautes pressions pour APIVIA et ce, dans tous les sens du terme… Si Charlie pointe ce matin à 94,6 milles (175,2 km) du leader Yannick Bestaven (Maître CoQ), soit un retard quasi-identique à celui d’hier, ce sont avant tout les vitesses de déplacement d’APIVIA qu’il va falloir observer ses prochaines heures et ses prochains jours. Cet énorme anticyclone va progressivement abattre son jeu et jeter ses cartes sur le tapis bleu pour plonger la tête de la course dans une masse sans vent. Un coup de poker où le bluff n’aura pas sa place et où tous les coups ne seront pas gagnants…  

Une chose est sûre : cet anticyclone sera un des faits marquants de cette étape Pacifique de ce 9e Vendée Globe. Car compliquée est cette situation météorologique pour le groupe de tête qui vient buter irrémédiablement sur cette masse anticyclonique, qui descend progressivement et consciencieusement sur la Zone d’Exclusion Antarctique, au fil des heures et des jours à venir. Un anticyclone bien Sud pour l’occasion qui vient, tel un tacle, subtiliser le vent aux attaquants. Seul Yannick Bestaven (Maître CoQ) semble être en mesure de passer sur le versant Est de la masse des hautes pressions, ce qui pourrait lui ouvrir une voie royale vers le cap Horn, et lui permettrait de creuser un écart conséquent avec APIVIA et ses poursuivants. Toute la difficulté va résider, en fait, dans la gestion du timing de déplacement de cet anticyclone… Va-t-il venir couvrir le leader et ses plus proches poursuivants pour les engluer dans une zone sans vent ? Va-t-il les obliger à faire du près dans des vents faibles ? Est-ce que le leader va aller assez vite pour laisser les autres, seuls, face à ce ventre mou ? Beaucoup de Si et de questions sur ces prochains deux jours qui vont être suspendus à la vitesse de battement de ce cœur sans vent. Un flot d’incertitudes qui est d’autant plus important que certains modèles météo ne donnent pas les mêmes projections.

Il faut, de fait, imaginer le travail et la réflexion que Charlie se doit d’avoir devant son écran d’ordinateur analysant toutes les données disponibles, projetant sa route ou ses routes possibles, envisageant les différentes options, dont les pires et les moins pires… Un choix cornélien d’autant que le moindre coup de barre synonyme de choix ou d’option sera irrémédiable. « On n’aura pas forcément la réponse tout de suite parce que je pense que jusqu’au 25 décembre, la partie n’est pas gagnée, pour qui que ce soit… explique Christian Dumard (Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe). Il y a des différences entre les modèles qui ne sont pas énormes, mais il y en a. Et il y a des différences également sur les forces du vent. Ce n’est pas colossal, mais quand il y a 3 nœuds de vent de différence, cela fait 3 nœuds de vitesse de différence également pour les bateaux navigant vent de travers. Soit, au final, cela fait rapidement 70 milles par jour de décalage entre deux bateaux. Une avance qui fait que cela peut permettre de partir devant pour certains et, pour d’autres, de rester bloqués… ». Difficile période à vivre pour les skippers où il faut être réactif dans les changements de voile et, surtout, lucide dans les trajectoires. Nul doute que le passé – remarqué et remarquable – de Figariste de Charlie devrait être mis à contribution dans les jours à venir.

Le mot à retenir 

Christian Dumard (Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe) : « Il y a beaucoup de scénarios possibles. Cela peut partir devant et peut se terminer avec 200 milles, comme avec 800 milles d’écart. Il y a même un scénario qui peut amener tout le monde, entre le 1er et le 10e, en moins de 100 milles. Rien n’est figé et difficile de dire ce qu’il va se passer… ».

Crêpe Pacifique !

La météo a ses adeptes, ses mots, son langage et… ses images. Aussi, si tout le monde sait qu’un anticyclone est synonyme de hautes pressions et donc, de peu de vent, peu sont capable d’en connaître toutes les subtilités. Aussi, cet anticyclone auquel sont confrontés Charlie et ses acolytes est intéressant, pourquoi ? « Il est vrai que d’avoir ce type d’anticyclone si bas est peu fréquent poursuit Christian Dumard (Great Circle – Squid et prestataire météo pour la Direction de Course du Vendée Globe). En général, on arrive à passer dessous ou on passe carrément plus nord. Mais là, il est pile-poil au mauvais endroit, au mauvais moment. Cet anticyclone va même descendre au Sud de la zone des glaces et donc, potentiellement obligé à passer au Nord en faisant du près ». Mais pourquoi n’a-t-on pas plus de fiabilité quant à la force du vent possible ? « En fait, on a l’impression que la bordure d’un anticyclone est toute droite. Or, ce n’est pas le cas… Il faut imaginer une pâte à crêpe que l’on verse dans une poêle. La pâte ne va pas faire, immédiatement, un rond parfait. La bordure de l’anticyclone est identique… Il faut imaginer l’air qui descend, mais pas partout de manière rectiligne et homogène. Donc, on peut avoir 10 nœuds de vent à un endroit de la bordure, 6 à un autre ou encore moins à d’autres endroits… Il faut donc un peu de réussite et ça les modèles, ils ne le donnent pas ! Il n’y a que sur l’eau que tu t’en rends compte… ». On comprend encore mieux le suspense de la situation et la tension palpable à bord des bateaux.

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21

  • Date et heure de la news : mercredi 23 décembre – 9h00
  • Classement : 2e 
  • Distance au 1er : 94,6 milles (175,2 km)
  • Vitesse : 9,8 nœuds (18,14 km/h)
  • Cap : 110°
  • Distance à l’arrivée : 10 247,8 milles (18 978,9 km)