« J’ai pris du plaisir à sentir APIVIA, de passer autant de temps à bord, de vivre le bateau, de vivre la météo… »
Charlie Dalin à bord d’APIVIA a franchi en premier la ligne d’arrivée de la 9e édition du Vendée Globe. Il boucle ce mercredi 27 janvier 2021 le parcours de cette course autour du monde en solitaire, sans assistance et sans escale au départ et à l’arrivée des Sables d’Olonne (85 – France), en 80 jours, 06 heures, 15 minutes et 47 secondes. Charlie Dalin aura parcouru 28 267,88 milles (52 352 km) à la vitesse moyenne de 14,67 nœuds (27,16 km/h).
Bons moments…
Charlie Dalin : « J’ai pris du plaisir sur ce tour du monde. Il y a eu des supers moments comme quand tu vois ton premier albatros, j’ai été heureux de passer mon premier Cap Horn et d’en terminer avec le Sud, il y a eu des moments de glisse où le bateau va vite, le plaisir à régater, le plaisir à doubler des concurrents, le plaisir de faire de belles manœuvres… J’ai pris du plaisir à sentir APIVIA, de passer autant de temps à bord, de vivre le bateau, de vivre la météo ».
La solitude…
CD : « Tu ressens vraiment la solitude quand il y a des gros soucis à régler. Quand tu montes en tête de mât, quand tu fabriques une cale de foil avec les moyens du bord, c’est là que tu ressens la solitude… En fait, la solitude, tu la ressens dans les difficultés. Quand il y a des problèmes techniques, c’est là où tu en souffres. Tu n’as pas le temps autrement de souffrir de la solitude. C’est ton bateau qui dicte tout… Tu prends des séries à regarder, des films, des livres… Et en fait, j’ai regardé un demi-épisode d’une série je crois. On m’a offert un livre, un sudoku, un rubik cube, et bien tout est nickel. Je n’y ai pas touché ! Mais autrement, je ne me suis jamais ennuyé, pas une seconde sur ces 80 jours ».
Bateaux invivables…
CD : « En fait, cela dépend des conditions… Mais déjà mon bateau n’était plus le même entre bâbord et tribord, compte tenu de mon avarie de foil. J’étais obligé de naviguer différemment et je devais faire giter APIVIA, avec l’outrigger à fleur d’eau. C’était la seule façon d’avancer… Autrement, oui ça tape fort à l’intérieur du bateau, mais il faut accepter que cela tape et c’est comme ça. Dans l’océan Indien, la mer était courte et c’était assez frustrant d’avoir un foiler et ne pas pouvoir s’en servir. J’ai passé une semaine à avoir un bateau qui plantait toutes les 15 secondes… Je n’en pouvais plus. Plus d’une fois, je me suis rattrapé dans mes « rattrapes Charlie » (filets à l’intérieur du bateau). Au bout d’un moment, j’avoue que les plantés de bateau dans l’océan Indien, cela m’a tapé sur le système… Après il y a eu de super moments comme quand je remontais, il y a une semaine le long de l’anticyclone, c’était magique… Les Imoca et APIVIA sont des bateaux magiques ».

Lever le pied…
CD : « Chaque fois que j’ai levé le pied c’était pour le bateau, pas pour moi. Je levais le pied quand je sentais que ce n’était pas le moment de casser le matériel, pour un gain qui n’en valait pas la peine ».
La casse…
CD : « J’ai eu des premières semaines de course assez épargnées. Ensuite, j’ai eu mon lot d’avaries comme tout le monde. Mon ancrage qui fait tourner le mât a lâché, j’ai perdu un aérien et mon antenne radar. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est lorsque j’ai eu une voile qui s’est décrochée du bout-dehors au large de l’île des Etats. J’ai réussi à la récupérer tout seul et je ne sais pas comment j’ai fait sans perdre, ni la drisse, ni la voile. De plus, c’était une voile importante… Je suis très fier d’avoir récupéré cette voile. Deux jours après, je suis monté en tête de mât pour changer un aérien et cela, du coup, m’a semblé le plus facile du monde. J’ai passé une heure là-haut, avec tout le matériel et ai tout réparé… Mon système de quille est également tombé en panne… J’ai fait des branchements dans tous les sens pour shunter la pièce défaillante et j’ai réussi. De surmonter des avaries techniques, cela donne confiance en soi et on se sent un peu invincible. On se sent plus fort ».
Le foil…
CD : « Le coup de la cale de foil a été compliquée… J’ai pensé que la course était terminée. Je crois que j’ai même pleuré quand je me suis rendu compte de ça. J’ai pensé que la course était finie et je savais que les performances étaient grandement diminuées… Le jour de la cale a été compliquée. Cela a été un gros coup au moral. Ce foil a été un fil rouge sur la course… On a communiqué une fois pour la perte de la cale, une deuxième fois pour la renforcer… Maintenant, vous avez vu certainement ses haubans qui tiennent mon foil. J’ai dû les remplacer régulièrement. Il y a des milles que j’ai perdu parce que je n’avais pas mon foil et des milles que j’ai perdu en passant du temps à le réparer… »
Heureux…
CD : « Je suis heureux d’avoir réussi ça. Apivia, via la Macif, peut compter pas mal de réussite sur le Vendée Globe. Une victoire avec François (Gabart en 2012), premier avec moi (NRDL : Apivia, santé prévoyance d’Aéma Groupe, propose à ses adhérents et notamment aux sociétaires Macif des contrats d’assurance santé et prévoyance pour les particuliers, professionnels et entreprises) … C’est une belle histoire de confiance. Apivia a cru en moi alors que je n’avais fait que du Figaro. Ils sont partis sur un projet ambitieux sur un programme de quatre ans et je suis fier de leur montrer qu’ils ont eu raison d’avoir confiance en moi. Je me sentais être fait pour cette course, je me sentais à l’aise dans la gestion des problèmes, je pense ne pas trop avoir mal géré ma météo et je suis assez satisfait de ma trajectoire. Je suis heureux de la copie que je rends ».

Tactique…
CD : « Au début, je vivais mal le fait d’avoir des classements toutes les 4 heures… Je viens de la classe Figaro et avec l’AIS on voit instantanément où sont les autres. Moi, j’ai fait mes classes avec ça. Du coup, c’était compliqué au début pour moi d’avoir à gérer sans savoir où étaient constamment les autres concurrents. En fait, cela oblige à faire ses choix un peu seul et cela devient une norme. J’ai appris à naviguer de cette manière-là et cela fait appel à des compétences différentes… j’ai dû au final enlever un peu de tactique dans ma stratégie ».
Longueur…
CD : « Paradoxalement, je n’ai pas de norme pour comparer ce Vendée Globe car c’est mon premier. Cela a été un Vendée Globe long et je pensais que l’on battrait des records, mais cela ne fut pas le cas. Il y a eu beaucoup de retours par derrière. APIVIA a été conçu pour être un bateau performant sur la descente de l’Atlantique et pour être en tête dans les mers du Sud. L’idée était d’entrer les mers du Sud en tête et de prendre un système météo d’avance. Le pari a été réussi puisque j’ai passé en premier le cap de Bonne-Espérance ! Mais, après, cela est toujours revenu par derrière. A chaque fois qu’il y avait un break de fait, la situation météo a fait que cela revenait… »
Pandémie…
CD : « Ce retour à terre et de retrouver tout le monde avec un masque ? Pour l’instant je ne vis pas ma vraie vie, mais je vois que tout le monde porte des masques et que ce problème n’est pas réglé. Pourtant, on a pris notre temps pour faire ce tour du monde ! (rires) J’espérais quand même que ce soit une arrivée normale… Mais finalement, c’était peut-être un peu candide comme idée. En tous les cas, j’ai profité de ma liberté pendant ce tour du monde. J’étais libre de mes trajectoires et de mes choix… Je mesure ma chance d’avoir été libre comme l’air pendant ces 80 jours ».

Bonifications…
CD : « Je profite de l’instant présent et je ne sais même pas si j’ai envie de savoir… Je n’ai pas regardé le dernier pointage et il suffirait de le voir pour savoir tout de suite…. Terminer ce tour du monde est déjà une victoire, et là, j’en suis encore plus conscient. Aussi, je suis un sportif, et la cerise sur le gâteau est de franchir la ligne en tête. C’est fait, c’est déjà ça. Mais, c’est vrai que j’ai envie d’inscrire mon nom dans l’histoire du Vendée Globe. Ce que je vais retenir au final, c’est que je franchis la ligne d’arrivée en tête et ça, on ne me l’enlèvera pas. J’ai les honneurs de la ligne comme disent les anglais. Ce sont des heures particulières d’être comme cela sans savoir qui va gagner. Mais, j’ai le sentiment d’avoir fait mon job. Pendant ce Vendée Globe, il m’est arrivé de penser comment je ferai dans un prochain tour du monde. Si on met le côté sponsor de côté car cela ne dépend pas que de moi, je me vois bien faire un nouveau Vendée Globe »