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Le bon compromis

Le bon compromis
SAMEDI 14 NOVEMBRE 2020

Le bon compromis

Placé le plus à l’Ouest de la dépression tropicale nommée Thêta toute la journée d’hier, APIVIA a contourné attentivement le centre dépressionnaire redouté. La volonté : veiller à garder la main, tant sur la force de vent que sur l’état de la mer « quitte à perdre un peu de terrain » sur la tête de la flotte… Une stratégie réfléchie et assumée !

C’est à se demander si la première semaine de ce Vendée Globe 2020 ne serait pas un formidable test d’aptitude grandeur nature ? Passage de front au près (vent de face) avec des vents de 35 nœuds et mer croisée de 5 mètres le mardi, contournement aux allures de portant (vent de derrière) d’une dépression tropicale avec des vents estimés à plus de 50 nœuds en son centre et des creux de 6 mètres le vendredi… En résumé, on aimerait pouvoir dire à Charlie sur APIVIA : vivement que la fin de semaine arrive ! Pointé 12e ce samedi matin au classement de 9 heures, Charlie et APIVIA ont opéré ce vendredi, par un dosage délicat et précis, le tour par l’Ouest du « gros dossier » que la dépression Thêta, placée dans le Sud de l’archipel des Açores. Pourquoi par l’Ouest ? Rappelons que dans l’hémisphère Nord, les dépressions tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Aussi, il vaut mieux se laisser pousser par les vents, aussi forts soient-ils, que de les affronter de face. Inutile d’évoquer la difficulté des marches liquides à escalader, si l’on décide d’attaquer une dépression par l’Est… Donc, l’idée est simple, même si l’équation reste complexe : Contourner Thêta sans trop s’éloigner de la route directe ; Bien se positionner par rapport à la force du vent sans avoir à affronter des vents trop puissants ; Bien placer le bateau par rapport à la mer sans avoir à subir des creux casse-bateau et enfin, optimiser la performance du bateau sans pour autant engager sa sécurité…

Un cahier des charges bien compliqué que Charlie a mûrement réfléchi et qu’il a parfaitement assumé en optant pour une route éloignée du centre de la dépression, de ses vents les plus forts et de ses vagues XXL. « J’essaye de garder un bateau à 100% de son potentiel déclare le skipper d’APIVIA. J’ai décidé de faire une route moins engagée, cela me fait perdre un peu de terrain sur les autres, mais j’assume… Je saurais mettre le pied sur l’accélérateur quand il faudra ». Clair, net et précis que cette déclaration de Charlie qui sait, que ce Vendée Globe est long et exigeant, tant pour l’homme que le bateau. Et parions que ce week-end réponde aux attentes d’APIVIA car, aujourd’hui si une page se tourne pour clore le chapitre « Fronts et dépressions », une autre s’ouvre sur de nouveaux chapitres : accrocher l’alizé de Nord-Est, exploiter enfin le potentiel de son monocoque à foils APIVIA et commencer à observer la situation météo sur la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) ou Pot au Noir pour optimiser son lieu de passage… Enfin !

Le mot à retenir

Charlie Dalin (Skipper APIVIA) : « Je n’ai pas chômé depuis le début, que ce soit en termes de stratégie ou de manœuvre. Je n’ai pas eu beaucoup de moment de breaks. Ce n’est pas toujours simple de se reposer dans ces conditions. Mais, j’ai l’impression d’être en forme et j’essaye de trouver le bon placement du curseur en termes d’attaque, de performances du bateau et d’agressivité dans les choix stratégiques ».

Et le sommeil dans tout ça ?

Question phases de repos, nul doute que ce début de Vendée Globe a été à géométrie variable. Charlie n’a pas échappé à la règle, et l’on ne reviendra jamais assez sur l’importance du sommeil qui est devenu un enjeu fondamental de la performance, mais aussi de la sécurité. « Les marins vont dormir en moyenne entre 3 et 5 heures par 24 heures, sachant que le corps et le cerveau vont beaucoup s’adapter aux conditions de course et de météo explique le Docteur François Duforez, Directeur de l’Institut European Sleep Center, spécialiste passionnant et passionné du sommeil des marins. Les deux premiers jours, Charlie a pu dormir, manger et se préparer à prendre un rythme. Il l’a expliqué lui-même. Il savait ensuite qu’une dépression arrivait et là, il a pu se mettre en déficit de sommeil. C’est ce qui est arrivé à partir du 2e/3e jour, il y était obligé. Il faut savoir que les marins peuvent tenir comme cela pendant 36 heures sans dormir… Charlie a donc passé le cap difficile et ensuite, il a essayé de reprendre un rythme de phase de repos. On voit à travers cela qu’il existe clairement des stratégies de sommeil avec des marins qui apprennent à mieux se connaitre. Charlie s’est très intéressé à cela et grâce à cet intérêt sur la question du sommeil, nous avons eu la chance d’aller assez loin dans la réflexion ».

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21

  • Date et heure de la news : samedi 14 novembre – 9h00
  • Classement : 12e
  • Distance au premier : 132,94 milles (248,2 km)
  • Vitesse : 10,6 nœuds (19,63 km/h)
  • Cap : 231°
  • Distance à l’arrivée : 23 034 milles (42 658,97 km)