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Le sommeil, ami et ennemi du skipper

Le sommeil, ami et ennemi du skipper
IMOCA APIVIA

Le sommeil, ami et ennemi du skipper

En pleine tempête ou lorsque les adversaires doivent impérativement être distancés, les skippers solitaires n’ont guère le choix : il faut tenir éveillé, coûte que coûte, et affronter les éléments autant que leur propre épuisement. Dans une situation où l’impossibilité de respecter le cycle naturel veille-sommeil constitue déjà un défi en soi.

Au départ d’une course comme le Vendée Globe, Charlie Dalin aura beau connaître ses « portes du sommeil », c’est-à-dire les meilleurs créneaux pour faire un roupillon réparateur, les aléas des conditions qu’il va rencontrer l’obligeront à les adapter. Or, notre besoin de sommeil étant déterminé par notre génétique, le seul levier du skipper sera d’agir sur le déphasage du cycle éveil-sommeil, habituellement calé sur l’alternance jour-nuit. En d’autres termes, il devra volontairement perturber son horloge biologique, pour dormir moins, plus souvent et pas forcément pendant la période de repos naturel, la nuit.

Le premier jour, le navigateur ne dormira généralement pas du tout, pour passer au plus vite le Golfe de Gascogne. Puis, dans le meilleur des cas, il pourra ensuite progressivement s’autoriser quelques siestes, jusqu’à un rythme de 6 durant 10 à 90 minutes toutes les 24 heures (un rythme de sommeil dit polyphasique, différent pour chaque skipper), lui permettant une récupération physique et psychique suffisante. Dès le départ, Charlie va donc accumuler une « dette » de sommeil, bien improprement appelée ainsi, puisque cette carence ne sera jamais récupérée. L’objectif sera de dormir peu, quand il peut, mais bien.

En temps normal, un adulte a besoin chaque nuit de 7 à 9 heures de sommeil consécutives et de bonne qualité, alternant des phases de sommeil lent, dont le sommeil lent profond, qui permet de récupérer physiquement, et des phases de sommeil paradoxal, celles des rêves, indispensables à l’équilibre psychologique. Que le sommeil vienne à manquer (moins de 6 heures) ou qu’il soit décalé, et l’horloge biologique se désynchronise, le corps perd ses repères. Le risque, à long terme, vérifié chez les travailleurs de nuit, plus vulnérables aux troubles du sommeil et à la prise de poids, est de développer des infections ou des maladies graves comme des cancers ou un diabète de type 2, via des atteintes profondes de leurs chromosomes et des altérations de l’expression de certains gènes. Mais, avant d’en arriver là, un état de privation de sommeil entraîne des dérèglements physiologiques, métaboliques et psychologiques importants. 24 heures consécutives passées sans dormir provoquent les mêmes effets qu’un taux d’alcoolémie de 1 gramme par litre de sang. Très rapidement, la lumière et le bruit deviennent insupportables, puis l’appareil digestif se détraque, la perte de vigilance s’accentue et des hallucinations surgissent, conduisant à des actions dangereuses et des accidents.

Dans les conditions extrêmes d’une course en solitaire, les skippers sont autant des sportifs de haut niveau que des « dormeurs de haut niveau », qui savent quand et comment atteindre les phases de sommeil lent profond, nécessaires pour tenir sur la durée d’une épreuve. Mais, à leur retour d’une course longue comme le Vendée Globe, le médecin Jean-Yves Chauve rappelle qu’il leur faut plusieurs mois « pour se remettre d’une fatigue liée au sommeil désynchronisé et à l’usure du corps ».

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site d’Apivia Prévention : Le sommeil n’apprécie pas le travail de nuit et Le sommeil c’est la santé !

Texte : Jean-Christophe Moine