Objectif Vendée Globe : savoir pour prévoir
Visualiser pour mieux se préparer
Parce que le Vendée Globe n’est pas une course comme les autres, elle requiert un travail de préparation mentale spécifique. En partant du principe qu’il vaut mieux être surpris seulement par ce qui est surprenant, Charlie s’est beaucoup projeté dans l’aventure à venir.
« Que tu le décides ou non, tu visualises énormément ce qui t’attend. Quand tu bosses la météo et que tu vois apparaître des dépressions de la taille d’un pays, tu réfléchis à la manière dont tu vas gérer cela. On a aussi pensé les configurations de voile et leur forme en fonction des éléments comme le Pot-au-Noir ou l’anticyclone de Sainte-Hélène. Je ne connais les Quarantièmes que grâce à une Sydney-Hobart, j’ai donc cherché à me projeter dans cette zone, bien plus que quelqu’un qui aurait déjà fait le tour du monde. Mon cockpit, on l’a dessiné selon mes habitudes de marin et je me suis visualisé dedans bien avant sa construction. Mes cirés et les autres vêtements, mon avitaillement… Tous les choix se font à partir des informations que l’on a déjà, et de nos projections. »
Les précieuses lectures de Charlie…
Les lectures abreuvent depuis l’enfance la fascination qu’a Charlie pour le tour du monde. Il y a eu forcément, La longue route, de Bernard Moitessier, ouvrage infini sur l’aventure pure et la liberté ; le tour du monde à la voile en quatre-vingts jours, ou le voyage extraordinaire de Bruno Peyron.
« Je l’ai lu et relu encore. Il y avait une carte avec tous les points des jours sur leur tracé autour du monde, dit Charlie. J’ai aussi rêvé sur les carnets de bord de Christophe Auguin, qui raconte sa victoire sur le Vendée Globe, les livres de Ellen MacArthur, les récits de sauvetages de Raphaël Dinelli ou de Tony Bullimore, et tout ce qui a été écrit sur les derniers Vendée Globe… et puis j’ai aussi eu l’immense chance de pouvoir lire les notes de François Gabart prises lors de son Vendée Globe. Très intéressant, très technique, et exclusif. Oui, je sais : je suis privilégié ! »
Ces notes recèlent d’informations sur le bricolage, les heures de sommeil, les changements de voiles, les charges moteur et des tonnes d’informations hyper excitantes pour… un marin. Elles lui ont permis de se projeter, mais aussi de penser le design de son bateau, notamment ce qui concerne la vie à bord. Quelle richesse !

Booster la performance
« Par rapport à 2016-2017, il ne serait pas étonnant que nous soyons proches des 70 jours parce qu’en théorie, nous avons 80% de chance d’aller plus vite. » affirme Charlie en posant des chiffres :
– Si le plus rapide tient une moyenne plus haute qu’Armel Le Cléac’h sur l’ensemble du Vendée Globe de 0,1 nœud, le gain est de 168 milles.
– S’il va plus vite de 0,5 nœud, ce sont 840 milles de gagnés, soit deux jours et demi de navigation.
Il est coutume de dire qu’un bateau de dernière génération est plus performant de 5% par rapport à la génération précédente.
La connaissance accrue des foils, expérimentaux il y a quatre ans, promet des gains de vitesse bien plus importants que 0,5 nœud. Ils peuvent aller jusqu’à 4 nœuds aux allures les plus favorables aux nouveaux bateaux. Reste une limite : la résistance de l’Homme face au travail de sape de la course à haute vitesse, aussi longtemps.