[Vendée Globe] 10/11/20 - Précision chirurgicale

mardi 10 novembre 2020

Précision chirurgicale…

Nul doute à avoir : Charlie Dalin sur APIVIA est entré tambour battant dans cette édition du Vendée Globe. Rien d’étonnant, même si cette circumnavigation de plus ou moins 70 jours est partie sur un rythme… d’étape de Solitaire du Figaro. Changements et réglages de voile à la volée, analyses météo étudiées, observations du plan d’eau détaillées, positionnement chirurgical d’APIVIA travaillé : des conditions exigeantes d’entrée de jeu, mais qui ne sont pas pour déplaire à Charlie !

« Je prends mon rythme tranquillement déclarait Charlie lundi matin. Ça faisait assez longtemps que je n’avais pas navigué. Je retrouve mes repères. APIVIA va bien et je suis content d’être sur le Vendée Globe : ça y est ! ». Oui, on le confirme : cette 9^e édition est bel et bien partie. Charlie savait que ce Vendée Globe allait tenir ses promesses et il nous l’a démontré dès les premières heures du rendez-vous autour du monde. Rapidement placé dans le groupe des meilleurs monocoques à foils de dernière génération, Charlie savait pertinemment que le rythme allait être soutenu d’entrée de jeu et qu’il ne fallait pas « passer du temps à la portière » comme dit l’expression. Les vitesses ont, dès les premières heures, rapidement atteintes 25/27 nœuds, APIVIA bien appuyé sur son foil sous le vent…

Et si le but des 12 premières heures était de progresser rapidement dans l’Ouest pour aller au contact du premier front (transition météo entre deux systèmes), Charlie comme nombre de « foilers » a tourné le dos volontairement au classement, avant de glisser plein Sud, étrave pointée sur le Cap Finisterre espagnol. Une première journée déjà exigeante en énergie avec changements de voile, matossage (optimiser la répartition des charges sur le bateau pour gagner en vitesse et travail sur la trajectoire d’APIVIA en puisant chaque nœud de vitesse supplémentaire dans les variations du vent. Et à ce jeu… Charlie est un as.

Il revient progressivement se caler au-dessus de la flotte et remonte au classement (de 25^e lundi 9h00 à 8^e ce mardi matin !) qui est, on le rappelle, établi sur la route théorique (la route la plus courte). Mais, si l’actualité est bien de tenir et d’imposer son rythme dans des conditions météo assez complexes dues à une zone de vents légers calés au large de la porte de sortie du Golfe de Gascogne et le long des côtes portugaises, le but ultime est surtout de se positionner le mieux possible face à un deuxième passage de front attendu dans la nuit d’aujourd’hui à demain.

Le mot à retenir

Charlie Dalin (APIVIA) : « C’est le deuxième soir du Vendée Globe… La journée a été consacrée à une descente vers le Cap Finisterre pour aller chercher une bascule pour aller vers l’ouest… Mais il y a un gros, gros, gros méchant front qu’il va falloir négocier demain après-midi et dans la nuit. J’étudie les routes, les options pour le gérer au mieux ! ».

**« Ils ne sont pas sortis de l’auberge ! »**

Les prochains jours ne vont pas être de tout repos pour la flotte du Vendée Globe, et APIVIA ne passera pas à travers les mailles dépressionnaires. « Charlie, comme les autres, a plongé au Sud pour ensuite repartir vers le large où il fera face au front dépressionnaire explique Pascal Bidégorry, l’un des skippers les plus experts en météo et stratégie, et qui a collaboré avec Charlie et APIVIA. Ce système est bien présent depuis plusieurs jours et ce n’est pas une surprise. Mais, ce qu’il faut retenir c’est qu’il est très actif et qu’il va générer des vents de 30 à 35 nœuds (65 km/h) avec des rafales à 40/45 nœuds (83 km/h). Ce qui va être très délicat à négocier au près (vent venant de face et obligeant à tirer des bords) aussi, c’est l’état de la mer puisqu’ils peuvent s’attendre à une mer de 5 à 5,50 mètres. Il va falloir clairement savoir bien anticiper et gérer la situation ».

Une situation bien différente d’il y a quatre ans où les solitaires avaient glissé le long des côtes portugaises avec pour seul objectif d’attraper les alizés de Nord-Est au large du Maroc. « Là, c’est la totale ! D’autant qu’il va y avoir une deuxième dépression secondaire à gérer et ce n’est pas terminé à mon avis… Je pense que d’ici à vendredi ou samedi, ils vont avoir des conditions très instables et vont sortir rincés avec beaucoup de manœuvres, des changements de voile permanents, du matossage… Une situation vraiment compliquée à gérer pour un début de Tour du Monde ! ».