Report du départ : faire face et réagir, pour APIVIA et Charlie Dalin
Contrainte par le redoutable schéma météo qui s’annonçait dès la pointe Bretagne, la direction de course a différé le départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe de dimanche à ce mercredi 9 novembre, 14h15. Un défi logistique et psychologique, que l’équipe d’APIVIA a su surmonter rapidement.
Il est difficile d’imaginer l’ampleur du séisme logistique qui a secoué l’organisation de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, les 138 projets et leurs partenaires. Ce que l’on sait, c’est que les connexions internet se sont démultipliées pendant quelques heures, et que les téléphones n’ont cessé de sonner dans le Palais du Grand Large.
Dans le team APIVIA, c’est Jean-Luc Nélias, le team manager, qui a chapeauté l’adaptation de son orchestre et de son soliste. « D’un point de vue technique, nous étions prêts à partir à n’importe quel moment proposé par la direction de course : l’équipe est riche en nombre, l’équipe est robuste : le changement de date ne nous perturbe pas vraiment. »
Dans le concret, il fallait conserver les chambres d’hôtel, le semi-rigide loué sur place pour assister les manœuvres d’APIVIA avant la course, et s’assurer que les équipiers temporaires pouvaient toujours venir au soutien de l’équipe, trois jours de plus. « Deux heures après l’annonce, tout était nickel se réjouit Jean-Luc Nélias. La complexité de la situation a surtout de l’impact sur les gens un peu extérieurs au projet, ceux dont le projet course au large n’est pas la seule ligne d’agenda. »
Un gigantesque tableau excel
Le report a aussi contraint Jean-Luc Nélias à recomposer l’imposant fichier qui lui permet de recenser et piloter la totalité des actions des membres du team. Un outil d’une grande précision où apparaît même le temps de déplacement pour aller d’un point à un autre. « Tu te rends vite compte qu’il faut le faire : ces projets impliquent du monde et les relations des membres du team avec l’organisation de course, les partenaires, les médias, l’agence de communication… » En ce lundi matin, Jean-Luc s’attendait à devoir faire une nouvelle mise à jour de son organigramme : « Nous sommes tributaires de l’organisation de la Route du Rhum : nous savons quand sera donné le départ (ce mercredi, 14h15), mais nous ne savons pas encore à quelle heure nous entrerons dans le sas (de l’écluse) ce mardi ».
S’il a réfléchi un temps à retourner chez lui, à Concarneau, Charlie Dalin a pu s’appuyer sur les forces de son équipe pour ne pas se laisser perturber et se concentrer sur ce nouveau départ « Samedi midi, tout était calé. L’équipe technique a très bien travaillé depuis le début. Marine, notre cuisinière, a pris soin de nous comme toujours et Pierre Le Roy, avec qui je travaille sur le pré-routage, m’a bien accompagné. Cela m’a permis de me remettre rapidement dans ma bulle, et d’aborder ce mercredi comme je pensais aborder dimanche ».
Le mercredi à Saint-Malo, c’est le jour d’appareillage
« Un peu surpris » par la décision de l’organisation de course samedi matin – « Je ne m’y attendais pas, la rumeur est venue jusqu’à moi quelques minutes avant le briefing météo », Charlie Dalin s’est attaché à ne pas dilapider son capital mental. « Pour garder mon énergie, je n’ai pas cherché à savoir si la direction de course avait raison ou pas, et je respecte la décision : la météo était engagée. J’ai juste cherché à savoir quand pourrait être donné le départ.
Charlie a rapidement repris le sens de la marche : « J’ai fait un « Ctrl+suppr » de tout ce que j’avais mis dans ma tête pour le départ, et j’ai recommencé à écrire la partition ». Depuis, il a renoué avec ses protocoles d’avant-course, répétant inlassablement l’enchaînement des manœuvres qu’il aura à faire une fois à bord, afin de maîtriser au mieux son plan de vol. Une routine qu’il a développée au fil des années, et qui n’est pas la seule qui anime son esprit à deux jours du départ. Habitué depuis des années à partir en course le dimanche, le skipper d’APIVIA a adapté son calendrier : « Dans ma tête, ce lundi est un vendredi, donc ce mercredi, jour du départ, est un dimanche. Cela me permet d’avoir une meilleure référence temporelle ». Mercredi, donc, Charlie Dalin se jettera sur la ligne de départ comme si c’était un dimanche.