Transat Jacques Vabre 2021 :
Une route du café corsée sur un parcours allongé
Pour sa 15e édition, la Transat Jacques Vabre revient sur un parcours inédit sur 5 800 milles (10 742 km) en direction de la Martinique, via un détour par l’archipel brésilien Fernando de Norohna, à laisser à tribord. Un nouveau défi pour lequel le duo d’APIVIA s’est préparé et entraîné en connaissance de cause pour bien appréhender toutes les difficultés jalloneront sa route et enchaîner avec lucidité les manœuvres à bord de ce voilier ultra sophistiqué. Passage en revue des subtilités du parcours qui viendront corser cette Route du Café revisitée.
Par ici les sorties !
Le premier jour et la première nuit ne sont jamais de tout repos. Ce moment stratégique est l’occasion pour nos deux skippers de tirer leur épingle du jeu d’entrée de jeu.
Paul : « Les bateaux aux avant-postes après deux jours de course, sont – sauf pépin majeur – dans le coup pour le podium à l’arrivée. À mon sens, les sorties de la Manche et du golfe de Gascogne sont déterminantes pour l’ensemble de la course. »
En passant par Fernando de Noronha
Autre particularité de cette édition 2021 : le petit crochet vers l’archipel brésilien Fernando de Noronha, situé par 3° Sud et 32°Ouest, que la flotte des IMOCA devra contourner avant de remonter vers les Antilles. De quoi augurer une circumnavigation rythmée, très tonique, pour s’adapter aux changements d’allures nécessaires pour enrouler ce groupement d’îles équatoriales.
Charlie : « Un IMOCA, qui est équipé d’un cockpit d’abord pensé pour le solitaire, reste un bateau plus optimisé pour la ligne droite que pour les manœuvres ; les plus compliquées restant celles pour changer d’allure, ce qui n’arrive pas si souvent sur une transat. Mais c’est un exercice auquel il faudra inévitablement se plier au passage de Fernando de Noronha. »
Un aller-retour dans le Pot-au-Noir
C’est la spécificité de la Transat Jacques Vabre 2021 qui pour la toute première fois revient sur les traces historiques du commerce du café entre les Antilles et l’Europe. Mais pour assurer des arrivées groupées entre les classes des bateaux qui affichent une grande disparité en termes de potentiel de vitesse, l’organisation de la course a dessiné des parcours adaptés à chaque classe. Les monocoques IMOCA sont ainsi invités à se mesurer sur un tracé qui a la particularité de leur offrir une double traversée de la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT), plus connue sous le nom de Pot-au-Noir, et réputée pour son incessante succession de calmes plats et violents coups de vents.
Charlie : « À chaque fois que j’ai passé le Pot-au-Noir, j’ai eu un peu l’impression d’avoir une petite étoile. J’en ai donc plutôt des bons souvenirs… »
Paul : « Moi aussi… ! On a déjà eu tous les deux de la chance. Il faudra donc qu’on reste très vigilants pour que ça dure. En tout cas une chose est sûre, ce passage délicat, psychologiquement et nerveusement dur, reste beaucoup plus simple à négocier à deux ! »
La menace des algues sargasses
Les sargasses, c’est la poisse. Ces paquets d’algues flottantes, qui peuvent croître et se diviser totalement au large, agacent les navigateurs dont elles freinent les embarcations. Elles sont devenues presque inévitables et jouent les trouble-fêtes sur les courses qui passent par la mer des Caraïbes, ou non loin de ces eaux tropicales où elles prolifèrent.
Charlie : « Il faudra sans doute composer avec ces algues entre Fernando de Noronha et les Antilles. On ne peut pas y faire grand-chose. On sera obligé de s’adapter même si on essayera peut-être de s’appuyer sur des images satellites pour visualiser les positions des plus gros bancs qui peuvent s’étaler sur plusieurs kilomètres de long. »
L’arrivée aux Antilles
Charlie : « L’arrivée sera jugée en baie de Fort-de-France, après un passage entre le rocher du Diamant et l’île de la Martinique. On ne devrait pas subir un gros dévent. Pour autant, la fin sera forcément plus compliquée qu’avec une arrivée au Brésil, avec juste quelques empannages après le passage du Pot-au-Noir. Là, il faudra composer avec quelques grains sur les derniers jours de course qui sont toujours un peu plus sollicitants en termes de changements de voiles, alors que la fatigue s’accumule. »
Paul : « Le parcours est vraiment très complet et je n’ai que de très bons souvenirs des arrivées aux Antilles, que ce soit à Saint-Barth ou en Guadeloupe, où on est toujours extrêmement bien accueilli. »