Trou de souris pour APIVIA !
Vent de travers entre 12 et 20 nœuds, vitesse flirtant régulièrement avec les 27 nœuds, milles défilant le long des côtes brésiliennes, APIVIA croque la vie à pleine étrave. Malgré le changement de leader ce matin, l’actuel podium de ce Vendée Globe se tient en 80 milles, reléguant le 4e à plus de 200 milles ce matin. Une incroyable accélération qui va buter, dans les prochaines heures, à un Atlantique Sud bien moins compréhensif. La faute à une dépression brésilienne venue jouer la Samba sur la trajectoire idéale. Explications…
APIVIA est un exocet ! Mi missile, mi poisson-volant, le monocoque vole au-dessus des vagues, le foil sous le vent traverse l’élément liquide. « Pour le moment c’est une vraie course de vitesse, on crée des petits décalages, mais ça ne change pas énormément » explique Charlie. Et à ce jeu, les vitesses grimpent et APIVIA accroche sur certains pointages, et comme souvent, les meilleures performances du moment. L’exemple parfait est ce pointage de 14 heures hier où Charlie accroche la meilleure vitesse de la flotte avec 23,14 nœuds et le meilleur VMG (Velocity Made Good soit la vitesse effective sur la route) avec 22,91 nœuds. En résumé : APIVIA va vite mais surtout, dans la bonne direction ! Que demander de mieux ? Ce contournement de l’anticyclone de Sainte-Hélène le long des côtes brésiliennes se déroule pour le moment comme dans les livres, et les foilers de dernière génération creusent l’écart avec le reste de la flotte. A bord, l’ambiance est au beau fixe : APIVIA est bien calé dans un vent bâbord amures (venant de la gauche) de 12 à 20 nœuds, la carène se lève au-dessus des vagues et la vie à bord s’organise entre météo, réglages et sommeil. Il fait encore chaud, l’air ventile l’habitacle, les nuits sont fraiches comme il faut et Charlie peut prendre le temps de se nourrir correctement, de dormir en respectant ses cycles de repos (cf. Dans l’œil de… Docteur François Duforez) et de vaquer aux obligations du parfait « maître de maison » entre lessive, rangement et checks divers. « La nuit où j’ai fait un super pointage entre le soir et matin, j’ai dormi quatre heures d’affilée sans faire exprès avoue Charlie. Du coup, cela m’a reposé, mais surtout je suis content de voir qu’APIVIA puisse aller si vite pendant si longtemps, sans avoir besoin de me réveiller. Ce n’était pas le but de dormir quatre heures d’affilée et ce n’était pas voulu… Mais du coup, j’ai bien récupéré ! ».
Le mot à retenir :
Charlie Dalin (Skipper APIVIA) : « APIVIA continue de me surprendre, on est là à 27 nœuds de vitesse, dans 17 nœuds de vent. On commence à trouver notre rythme ensemble. Je fais de plus en plus corps avec lui. Je sais de mieux en mieux le gérer. Je connais de mieux en mieux ses bruits. »

À quand l’autoroute des mers du Sud ?
« Dans les prochaines 24 heures, il va falloir faire des choix. Et définir une route vers l’Est pour la semaine n’est pas évident » lâchait hier Charlie. Et on le comprend ! Le trio de tête doit faire face dans les prochaines heures à un choix crucial : quelle route emprunter pour attraper le grand cycle des dépressions de l’hémisphère Sud ? Quelle trajectoire adoptée pour ne pas voir s’échapper un de ses voisins de podium via un système météo différent ? Quelle option choisir pour combiner vitesse et le moins de milles à parcourir ? En effet, une dépression née des côtes brésiliennes, tel un chien dans un jeu de quilles, a fait éclater le sud de l’anticyclone de Sainte-Hélène. « La suite est compliquée avec beaucoup de transitions, beaucoup de vents faibles… explique le skipper d’APIVIA. Il y a quelques jours mes routages (prévisions de route possible en fonction des fichiers météo) pouvaient aboutir au Cap de Bonne-Espérance et là, maintenant, ils y aboutissent de moins en moins… Pourtant, on progresse dans le temps et mes fichiers météo sont logiquement plus performants. Mais avant, dans 10 jours on y arrivait, et maintenant on n’y arrive plus… J’ai du mal à me projeter sur la fin de l’Atlantique Sud ». On comprend que les mers du Sud vont se faire désirer et Charlie sait pertinemment, que les heures qui passent au contact de Thomas Ruyant, nouveau leader, et d’Alex Thomson sont actuellement importantes. Tous savent qu’il y a un train à ne pas louper et qu’il ne faudra pas rester sur le quai… En décodé : maintenir la pression sur la vitesse du bateau et arriver à se glisser dans un trou de souris, soit un mince couloir de vent coincé entre l’anticyclone de Sainte-Hélène dans l’Est et un axe dépressionnaire au Sud qui s’étend de la côte brésilienne vers le milieu de l’Atlantique. Charlie sait que cette zone ne sera pas simple à gérer et à longer avec des vents changeants, plus ou moins faibles, qui vont réclamer manœuvres et vigilance. Une route cabossée en mouvement perpétuel mais qui donnera au premier sorti de cette fine bretelle d’accès, l’entrée sur l’autoroute du grand bal des dépressions des mers du Sud. Soit un bien bel avantage !
Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :
- Date et heure de la news : samedi 21 novembre – 9h00
- Classement : 3e
- Distance au premier : 76,94 milles (142,5 km)
- Vitesse : 20,99 nœuds (38,87 km/h)
- Cap : 168°
- Distance à l’arrivée : 20 209,9 milles (37 428,73)