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Trouver le bon compromis pour APIVIA

Trouver le bon compromis pour APIVIA
MARDI 8 DECEMBRE 2020

Trouver le bon compromis pour APIVIA

Leader depuis deux semaines, APIVIA compte 222 milles d’avance (411 km) ce mardi matin sur Thomas Ruyant (LinkedOut). Deux marins confrontés ce jour à la même problématique : gérer le mieux possible, et pendant les 36 heures à venir, une violente tempête qui va fondre sur la tête de la flotte. Objectif : tenter de trouver le meilleur compromis, entre sécurité et performance, pour préserver APIVIA.

APIVIA a fait parler la poudre… 465,5 milles (862 km) parcourus en 24h00 au classement d’hier 17h00, à la vitesse moyenne de 19,4 nœuds (36 km/h). Autant dire que le speedomètre (compteur de vitesse en voile) a flirté régulièrement au-delà des 28 nœuds (51,8 km/h) dans les surfs ! Impressionnant… Mais, après plusieurs jours de glissades à hautes vitesses dans un vent soutenu, APIVIA et Charlie se trouvent dorénavant face à un nouveau dilemme. La faute à une violente, voire même très violente, dépression qui se forme et qui se creuse inexorablement, juste au-dessus de la tête du leader de cette 9e édition du Vendée Globe. Et là où la possibilité de glisser à bonne vitesse vers le Cap Leeuwin s’offrait il y a quelques jours, cette énorme dépression dite « secondaire » dans le jargon des spécialistes fond sur la route d’APIVIA et ce, dès ce soir. Progresser sur la route oui, mais pas à n’importe quel prix, pourrait être la devise de ces prochaines 36 heures. En effet, les fichiers de vent téléchargés que l’on aime voir vert sur les cartes météo virent aujourd’hui au rouge et au violet, indiquant des vents supérieurs à 40 nœuds (74 km/h). Et c’est sans parler des vagues qui dépasseraient les 7 mètres… Une vraie sale claque que cette tempête, bien difficile à anticiper les jours précédents. Une vraie sale baffe qui prend ses aises au fil des heures, grossissant, forcissant et se déplaçant vers le Sud-Est, venant couvrir et accompagner Charlie dans sa progression vers l’Est.

Le hic, c’est que peu d’échappatoire s’offre à APIVIA… « Cette dépression qui s’est creusée sur le front semble très virulente explique Charlie. En fait, je vais mettre du Nord dans ma route pour essayer de passer dans un endroit qui me semble correct. Je ne vais pas faire l’optimum du routage parce que cela me ferait passer dans trop de vent. J’essaye de trouver le bon compromis entre distance parcourue en plus et sécurité. Le cœur de la dépression devrait passer dans mon Sud si tout se passe bien ». Conclusion évidente : Charlie va mettre la course entre parenthèses les 36 heures à venir pour laisser filer dans son Sud le gros de la dépression et éviter d’avoir à faire à elle trop longtemps. Contrepartie logique : APIVIA va parcourir plus de milles en rallongeant sa route et en s’éloignant de la Zone d’Exclusion Antarctique, rond-point autour du pôle Sud qui optimise le nombre final de milles à parcourir.

Le mot à retenir :

Antoine Gautier (Directeur des Etudes chez MerConcept*) : « Pour faire simple, on peut dire que Charlie est au mauvais endroit, au mauvais moment. J’espère que ce sera la plus violente tempête de ce tour du monde et qu’il n’en connaîtra plus des comme celles-là ! ».

De possibles rafales à 50/55 nœuds (102 km/h)…

L’océan Indien persiste et s’énerve avec cette nouvelle et puissante tempête qui ne devrait toucher que les deux premiers… L’objectif du jour : Charlie se doit de peaufiner et de calculer avec précision sa trajectoire pour tenter de minimiser la puissance, mais aussi la durée de cette nouvelle tempête. Antoine Gautier (Directeur des Etudes chez MerConcept*) explique : « Cette dépression était difficilement prévisible. Elle est hyper violente. La mer ne sera pas extrême parce que l’on sera au début de la formation de cette dépression et cela devrait aller. Par contre, c’est au niveau du vent que cela va être très fort… Il devrait y avoir des rafales à 50/55 nœuds (102 km/h). Charlie n’a pas vraiment d’échappatoire, si ce n’est d’aller le plus Nord possible pour que le cœur de la dépression glisse sous lui. Par contre, cela va l’obliger au début à naviguer dans des angles un peu serrés, proches du près (allure proche du sens du vent). Une allure pas confortable, car il va devoir le faire dans 25/30 nœuds. Aussi, Charlie et Thomas vont devoir faire un grand détour et faire plus de route… Tout ce qu’ils vont perdre là, ce n’est pas très grave entre guillemets, face à cette tempête qu’il faut tenter, coûte que coûte, d’en minimiser les possibles effets ». Inutile de dire que la priorité absolue va être – surtout – de préserver APIVIA au maximum dans ce nouveau coup dur et qu’une véritable course contre la montre s’engage. « Charlie va devoir trouver le bon compromis entre la force du vent, la durée du coup de vent, auquel il faut rajouter l’état et la direction de la mer. Et avec ces trois ingrédients, il faudra faire la route optimale. Charlie va mettre clairement la course et l’efficacité de côté. Ce n’est pas ça l’enjeu de ces prochaines 36 heures. L’enjeu, c’est de sortir de cette situation avec un bateau à 100% ».

(*) MerConcept est maître d’ouvrage du projet Apivia Voile. Apivia a choisi de s’appuyer sur le savoir-faire de François Gabart et de sa structure de course au large, dont Antoine Gautier est Directeur des Etudes.

Repères APIVIA Vendée Globe 2020/21 :

  • Date et heure de la news : mardi 8 décembre – 9h00
  • Classement : 1er
  • Avance sur le 2e : 222 milles (411 km)
  • Vitesse : 15,7 nœuds (29,08 km/h)
  • Cap : 94°
  • Distance à l’arrivée : 15 054,7 milles (27 881,3 km)